Partie 5 Faire le bilan

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Étape 5

chapitre 1

Faire le bilan

A La fourmi, l’araignée, l’abeille : le bestiaire
philosophique de Bacon (philosophe du 17e siècle)

« Ceux qui ont traité les sciences furent ou des empiriques ou des dogmatiques. Les empiriques, à la manière des fourmis, se contentent d’amasser et de faire usage ; les rationnels, à la manière des araignées, tissent des toiles à partir de leur propre substance ; mais la méthode de l’abeille tient le milieu : elle recueille sa matière des fleurs des jardins et des champs, mais la transforme et la digère par une faculté qui lui est propre. Le vrai travail de la philosophie est à cette image. Il ne cherche pas son seul ou principal appui dans les forces de l’esprit ; et la matière que lui offrent l’histoire naturelle et les expériences mécaniques, il ne la dépose pas telle quelle dans la mémoire, mais modifiée et transformée dans l’entendement. »

Bacon, Novum organum (1620), Livre 1, aphorisme 95,
traduction M. Malherbe et J.M. Pousseur, PUF, p.156-157.

espace

La fourmi est empiriste : elle considère que tout ce qu’elle sait, elle l’a reçu dans l’expérience sensible. Le problème de cet empirisme, c’est qu’il pose la continuité de l’expérience immédiate et de la connaissance : or savoir, est-ce seulement recevoir passivement les leçons de l’expérience ?

L’araignée est rationaliste : elle affirme que tout ce qu’elle sait, elle le tire de son propre fonds, comme elle déroule son fil pour tisser sa toile et saisir, par ses catégories, la réalité du monde. Mais comment sait-elle que son savoir correspond au réel ? N’est-elle pas enfermée dans sa logique dogmatique et ne confond-elle pas science et métaphysique ?

L’abeille est philosophe : c’est un empiriste d’un genre nouveau qui élabore la forme qu’il donne à l’expérience dont il tire toute sa connaissance. Mais l’abeille est aussi un rationaliste moderne qui, dans la confrontation incessante avec le réel, s’efforce de tester et d’expérimenter le modèle qu’il propose pour assurer l’intelligibilité du réel. Ce va-et-vient de la raison vers un réel dont elle fait activement l’expérience, c’est ainsi pour Bacon, au 17e siècle, la seule vraie façon de concevoir le travail scientifique : l’expérience du réel ne parle que si on l’interroge, que si on l’aborde au moyen d’hypothèses théoriques que forge la raison. Mais la raison, réciproquement, ne tient un discours légitime et valable que si elle est tout entière une pensée de l’expérience et du réel.

B Index des concepts à maîtriser 
sur l’ensemble de la séquence

A priori/a posteriori : est a priori ce que l’on connaît indépendamment de toute expérience ; est a posteriori ce qu’on connaît par l’expérience.

Causalité : principe selon lequel rien n’arrive sans cause ou que tout événement a une cause.

Démonstration : opération consistant à établir la validité d’une thèse.

Déterminisme : conception scientifique selon laquelle les mêmes causes entraînent toujours les mêmes effets, ce qui permet ainsi de prédire l’évolution d’un phénomène à partir du moment où l’on connaît les données initiales. Le déterminisme s’oppose au hasard.

Dogmatisme : attitude consistant à énoncer des propositions sans examiner si celles-ci sont rationnellement justifiées ; refus de tout esprit critique.

Empirisme : attitude philosophique qui fait de l’expérience sensible l’origine de toutes les connaissances dont nous disposons. Refus de tout innéisme : il n’y a pas de connaissance immédiatement disponible en l’esprit ; toute connaissance s’élabore à partir de l’expérience que nous faisons du réel. (Voir le texte de Hume à l’étape 6).

Expérience : relation qui met un sujet en contact avec le réel : cette relation peut être passive (pure réceptivité) ou active (essai).

Expérience de pensée : processus théorique permettant d’illustrer ou de tester une hypothèse.

Expérience cruciale : expérience qui permettrait de trancher entre deux théories concurrentes et incompatibles.

Expérimentation : procédure scientifique consistant à intervenir de façon délibérée et réglée sur le réel de façon à observer la valeur d’une hypothèse théorique. Il n’y a pas d’expérimentation indépendante d’un contexte théorique défini.

Finalisme : doctrine selon laquelle le réel - ou en totalité ou en partie - obéit à des fins, à des buts.

Heuristique : désigne une démarche fructueuse qui permet de découvrir de nouveaux faits.

Hypothèse : énoncé théorique qui s’efforce de rendre le réel plus intelligible, en ouvrant de nouvelles perspectives d’explication ou en invitant à supposer l’existence de réalités qui ne font pas l’objet d’une expérience actuellement possible. Exemple : l’hypothèse de l’existence du vide (voir l’étape 1).

Instrument de mesure : outil théorique ou « théorie matérialisée » (Bachelard) permettant l’observation et l’expérimentation ; prolongement de l’esprit plus que de la main ou de l’œil.

Intersubjectivité : procédure qui sollicite le jugement compétent des membres de la communauté scientifique pour assurer le caractère valable d’une théorie ou d’un énoncé théorique. L’accord des esprits ne constitue pas une vérification de la théorie mais reconnaît celle-ci comme valable et scientifiquement féconde.

Loi scientifique : énoncé qui formule, de façon universelle et nécessaire, le rapport réglé et constant qui existe entre les phénomènes. La loi permet de faire des prédictions empiriquement vérifiables.

Matérialisme : conception philosophique qui affirme l’existence exclusive de la matière. Tout est matière ; il n’existe pas de réalité spirituelle autonome.

Méthode : démarche rationnelle où s’élaborent et s’évaluent les connaissances scientifiques.

Objectivité : construction théorique qui s’efforce de conquérir le réel et de le rendre intelligible, et qui est reconnue comme valable par la communauté scientifique.

Opinion : jugement formulé par un sujet sans examen ni réflexion préalable. Stade préscientifique de la connaissance.

Physique : la physique est une science expérimentale qui étudie la matière, ses propriétés et ses lois. Les énoncés physiques sont toujours testables.

Preuve : dans les sciences expérimentales, la vérité d’une proposition est établie par des preuves empiriques : le recours à l’expérience confirme la démarche purement rationnelle.

Réductionnisme : attitude théorique qui pose que le réel, dans ses formes inertes ou vivantes, matérielles ou psychiques, s’explique exclusivement et entièrement par les lois de la physique.

Réfutabilité : critère permettant de distinguer un énoncé scientifique d’un énoncé non-scientifique. Caractéristique d’un énoncé qui peut être testé et pour lequel il y a un falsificateur potentiel. Exemple : « Tous les cygnes sont blancs ».

Réfutation : opération par laquelle on démontre la fausseté d’une thèse ; opération inverse de la démonstration.

Relativisme : courant de pensée qui considère que tout énoncé scientifique est une construction théorique qui dépend d’un certain nombre de paramètres (contexte culturel, niveau de maîtrise technique…) et qui rejette l’idée qu’un énoncé scientifique puisse être tenu pour une vérité absolue.

Scepticisme : attitude consistant à examiner la validité des propositions que l’on énonce de façon à montrer qu’aucune ne peut prétendre être vraie. La seule attitude non dogmatique pour un sceptique consiste à suspendre son jugement et à ne pas se prononcer sur ce que les choses sont.

Théorie : modèle cohérent d’intelligibilité du réel.

Vérification : ensemble des procédures permettant de contrôler la vérité d’une hypothèse, ou tout du moins sa validité théorique (Popper préfère alors parler de « corroboration »).

Vrai : est vrai le jugement qui correspond de manière adéquate à ce sur quoi il porte.

C Conseils bibliographiques 

Il s’agit d’ouvrages accessibles pour un élève de terminale :

Descartes, Discours de la méthode (1637)

Bachelard, La formation de l’esprit scientifique (1938)

Kuhn, Structure des révolutions scientifiques (1962)

Jacob, La logique du possible (1970)


Modifié le: Wednesday 18 March 2020, 14:22