La Chine et le monde

Chapitre 2

chapitre 2

Activité introductive Ce qu’il faut savoir avant de commencer

La Chine est une puissance très ancienne qui a connu des périodes d’apogée et des périodes de repli, notamment au XIXème siècle. Après un XVIIIème siècle marqué par une grande prospérité et de vastes conquêtes, le XIXème siècle est une période de déclin. La Chine est forcée d’ouvrir son territoire aux puissances étrangères, qui y installent des concessions.

En 1912, la République est proclamée par Sun Yat Sen, fondateur du parti nationaliste du Guomindang, car la dynastie Qing n’a pas su repousser les influences étrangères.

En 1919, la Chine s’estime trahie par le traité de Versailles. Elle avait en effet soutenu les Alliés à partir de 1917 mais ces derniers attribuent la région chinoise du Shandong au Japon. Ces événements entraînent une révolte qui débute le 4 mai 1919 et gagne tout le pays. Le pays sombre alors dans une profonde instabilité politique. Deux partis s’affrontent : le Guomindang de Chiang Kaï Shek et le Parti communiste chinois (PCC), fondé en 1921. Le Guomindang l’emporte et prend les rênes du pays à partir de 1928, installant la capitale à Nankin sans parvenir à établir un contrôle sur l’ensemble de la Chine. Le PCC fonde dans le Jiangxi une République soviétique chinoise. A partir de 1931, la Chine divisée est envahie par le Japon qui se livre à d’innombrables crimes de guerre comme les massacres de Nankin. Le PCC et le Guomindang font provisoirement cause commune contre les Japonais, avant de mener la guerre chacun de leur côté. Pendant la Seconde Guerre mondiale, le Guomindang obtient l’aide des États-Unis tandis que le PCC est soutenu par l’URSS.

En 1945, la Chine retrouve l’intégrité de son territoire mais la guerre civile reprend entre le PCC et le Guomindang, dans un contexte de tensions grandissantes entre les États-Unis et l’URSS. Le 1er octobre 1949, le PCC de Mao Zedong prend le pouvoir et le Guomindang s’exile sur l’île de Taïwan. Commence alors la période de la Chine communiste qui dure jusqu’à nos jours.

Document 1 Les liens économiques entre l’URSS et la Chine communiste en 1953

Traduction : « Étudier l’économie avancée de l’Union soviétique pour développer notre pays. »

Source : affiche de propagande chinoise datant de 1953. Dessin : Ding Hao
© IISH/Stefan R. Landsberger Collections.
https://chineseposters.net/

Document 2 L’enseignement du chinois en Afrique (2013)

Une enseignante de l’Institut Confucius initie au chinois des élèves de Pretoria en Afrique du Sud. 48 instituts Confucius étaient implantés dans 35 pays d’Afrique en 2016.

Expression écriteQuestions

1. Dans quelle position se trouve la Chine par rapport à l’URSS en 1953 ? Dans quelle position se trouve l’enseignante chinoise par rapport aux élèves africains ?

2. Utilisez « ce qu’il faut savoir avant de commencer » et votre réponse à la question 1 pour proposer une problématique pour ce cours sur la Chine et le monde depuis 1949.

SolutionRéponses

1. Cette affiche (document 3) illustre le traité « d’amitié, d’alliance et d’assistance mutuelle » signé par Mao Zedong et Staline en 1950. Elle illustre la dépendance dans laquelle se trouve la Chine, après des années de guerre civile et d’occupation japonaise, par rapport à l’URSS. L’ingénieur soviétique forme en effet ses collègues chinois qui semblent attentifs et respectueux de son savoir.

Dans les années 2010, la situation est inversée. Grâce à un réseau d’instituts implantés sur le continent, les élèves africains apprennent le chinois.

2. Il s’agira de comprendre comment la Chine, en 1949, a reconstruit sa puissance jusqu’à devenir une grande puissance mondiale.

Introduction

La Chine est devenue en 2016, d’après l’OCDE, la première puissance économique mondiale devant les États-Unis. Née d’une révolution en 1949, la République populaire de Chine a été successivement façonnée par le communisme selon le modèle totalitaire d’une « démocratie populaire », puis par l’intégration dans la mondialisation ; les voies chinoises de la puissance sont donc diamétralement opposées et dessinent les contours encore fragiles d’un géant en devenir.

Problématique

Comment la Chine, en 1949, a-t-elle reconstruit sa puissance jusqu’à devenir une grande puissance mondiale aujourd’hui ?

Plan du chapitre : traitement de la problématique

Notions-clés

Repères

A. La constitution d’un État fort durant le gouvernement de Mao (1949-1976)

1. Un retour de puissance dans le cadre de l’alliance avec l’URSS pendant les années 1950

2. La poursuite de la quête de puissance à partir des années 1960

3. La Chine leader du Tiers-Monde à partir des années 1970

Pacte sino-soviétique

Grand Bond en Avant

Collectivisation totale

Eloignement idéologique

Tiers-mondisme

Théorie des trois mondes

Comprendre les facteurs de la puissance chinoise.

B. De la mort de Mao en 1976 à aujourd’hui : vers un statut de grande puissance

1. La construction de la puissance économique dans les années 1980

2. La Chine une superpuissance en devenir ?

3. Les défis et faiblesses de la puissance chinoise

Ouverture économique

Quatre modernisations

Zones économiques spéciales (ZES)

Superpuissance

Soft power

Cinquième modernisation

Analyser un corpus documentaire pour comprendre les spécificités de la puissance chinoise.

A La constitution d’un État fort durant
le gouvernement de Mao (1949-1976)

1. Un retour de puissance dans le cadre de l’alliance avec l’URSS pendant les années 1950

Le pacte sino-soviétique et l’industrialisation de la Chine

Document 3 L’alliance entre la Chine et l’URSS en février 1950

Affiche vantant le pacte sino-soviétique signé entre la Chine de Mao Zedong et l’URSS de Staline en février 1950

A. Conseiller expert soviétique envoyé en Chine pour y développer les méthodes soviétiques.

B. Cadre du PCC travaillant en bonne intelligence avec l’expert soviétique.

C. Drapeau soviétique avec la faucille et le marteau, emblèmes de l’URSS.

D. Drapeau chinois reprenant les couleurs rouge et or du drapeau soviétique.

E. À l’arrière-plan, les symboles de l’industrialisation lourde et de l’urbanisation de la Chine calquées sur le modèle soviétique.

F. Alliance entre l’URSS et la Chine symbolisée par les emblèmes des deux pays entremêlés.

Traduction : « Avec l’immense soutien de l’Union soviétique et notre très grande force, nous réaliserons l’industrialisation de notre nation, pas à pas ! »

Source : Affiche de propagande chinoise datant de 1953

Dessin : Cai Zhenhua © IISH/Stefan R. Landsberger Collections.
https://chineseposters.net/

La Chine de Mao Zedong signe en février 1950 le pacte sino-soviétique avec l’URSS de Staline. Il s’agit d’un traité d’alliance contre « l’impérialisme américain ». La nouvelle République Populaire de Chine est instaurée grâce au soutien financier et miliaire de l’URSS dont elle est désormais tributaire. L’URSS devient le « Grand frère » de la Chine.

L’URSS fournit prêts (que la Chine devra rembourser) et experts aux Chinois. Ainsi 10 000 conseillers soviétiques sont envoyés en Chine pour moderniser le pays. Comme en URSS, l’accent est mis sur l’industrialisation mise en place par des techniciens soviétiques qui construisent ponts, infrastructures routières et usines dans une Chine rurale à 90 % très peu industrialisée et urbanisée.

L’influence soviétique reste toutefois à nuancer. Mao Zedong imprime dès son arrivée au pouvoir sa marque en créant un régime totalitaire singulier, symbolisé par les camps de rééducation, les laogai, où sont envoyés des milliers de Chinois hostiles au régime pour être « rééduquées » afin de devenir des ouvriers communistes.

Restaurer son influence dans son environnement proche

À partir de 1950, la Chine cherche à retrouver son rang de puissance en Asie. Ainsi, elle soutient les peuples colonisés d’Asie. Elle apporte son aide aux Vietnamiens pendant la guerre d’Indochine (guerre d’indépendance menée contre la France entre 1950 et 1954), puis aux Nord-Coréens pendant la guerre de Corée (1950-1953). 180 000 Chinois participent à ce conflit marquant le retour de la puissance militaire chinoise. D’autre part, la Chine annexe, le 23 mai 1951, le Tibet, considéré par le nouveau régime comme une province chinoise dont l’indépendance n’est qu’une fiction créée par les Occidentaux. D’un pays occupé jusqu’en 1945, la Chine redevient donc une puissance occupante.

Ce premier retour de puissance est limité par l’isolement politique de la Chine communiste sur la scène internationale : elle n’est pas reconnue par la communauté internationale et son siège à l’ONU, est occupé par la République de Chine (Taïwan).

2. La poursuite de la quête de puissance à partir des années 1960

Le « Grand Bond en avant » et la rupture entre la Chine et l’URSS

En 1956-57, la stagnation économique est totale dans les campagnes chinoises et dans les villes qui souffrent de la mise en place d’un modèle stalinien peu adapté à la Chine. En 1958, pour répondre à la situation, le gouvernement de Mao décide de mettre en place un grand mouvement révolutionnaire dans les campagnes (appelé le « Grand Bond en avant ») qui dure jusqu’en 1961 et contribue largement à la rupture entre la Chine et l’URSS.

Document 4 Mao et la modernisation de la Chine

Source : Affiche de propagande chinoise de 1954.

Dessin : Ding Hao ; Zhao Yannian ;
Cai Zhenhua

© IISH/Stefan R. Landsberger Collections.
https://chineseposters.net/

Traduction : « Transformons la Chine en un pays socialiste industrialisé prospère, riche et puissant sous la direction du Parti communiste et du président Mao ! »

Document 5 Les objectifs du Grand Bond en avant

« Les paysans chinois sont encore meilleurs que les ouvriers anglais et américains, c’est pourquoi on peut encore plus et encore mieux et encore plus vite parvenir au socialisme et on n’a pas besoin de prendre constamment l’Union soviétique comme référence. Pouvoir fabriquer 24 millions de tonnes d’acier au bout de trois plans quinquennaux, cela signifierait dépasser en vitesse l’Union Soviétique. »

Source : discours de Mao Zedong, 6 décembre 1955.

Expression écriteQuestions

À l’aide des documents et de recherches internet, répondez aux questions suivantes :

1. Quel était l’objectif du Grand Bond en avant appliqué de 1958 à 1961 en Chine ? En quoi était-ce un pas supplémentaire vers l’accomplissement d’une société communiste ?

2. Quel est le rapport entre le Grand Bond en avant et la politique extérieure de la Chine et notamment les relations avec l’URSS ?

3. En quoi a réellement consisté le Grand Bond en avant (communes populaires, volet agricole, volet industriel) ? Quel bilan en tirer ?

4. Quelles conséquences le Grand Bond en avant a-t-il eu sur les relations entre la Chine et l’URSS ?

SolutionRéponses

1. Mao veut obtenir une société égalitaire sans classe. En 1953, il met en place une réforme agraire : les terres sont redistribuées aux paysans qui deviennent des petits propriétaires terriens. En 1958, le Grand Bond en avant prévoit une collectivisation totale des terres avec la création de communes populaires : les terres et la totalité des biens sont collectivisés, la propriété privée est abolie. Chaque commune populaire doit participer au développement économique du pays en cultivant la terre mais aussi en s’industrialisant. Partout dans les campagnes se construisent de « petits hauts fourneaux » de fortune, parfois faits de boue et de cheveux, où les paysans font fondre tout le métal qu’ils peuvent trouver.

2. Le Grand bond devait engendrer une augmentation significative de la production agricole et le rattrapage de la production d’acier de l’Angleterre puis des États-Unis en 15 ans. Il devait donc permettre à la Chine de s’affirmer en tant que puissance sur la scène internationale. D’autre part, il devait contribuer au remboursement de la dette chinoise envers l’URSS : en effet, une large partie de la récolte des communes populaires est prélevée pour être envoyée au gouvernement soviétique.

3. La production industrielle qui résulte du Grand Bond en avant est faible et de médiocre qualité. D’autre part, la production agricole s’effondre rapidement. En effet, les paysans se détournent du travail agricole puisqu’une grande partie de la production est prélevée par le gouvernement pour rembourser les Soviétiques. Les conséquences sont terribles : au moins 30 millions de Chinois sont morts de faim pendant cette période.

4. Les tensions entre Pékin et Moscou sont grandissantes à la fin des années 1950 et au début des années 1960. En effet, « le Grand Bond en avant » constitue un éloignement idéologique de l’URSS, qui voit d’un mauvais œil ce maoïsme collectivisé se développer alors qu’elle même assouplit la collectivisation à partir de 1953, dans le cadre de la déstalinisation. En 1959, l’URSS prend donc ses distances avec ce « Grand Bond en avant » jugé aventureux. À cela s’ajoute des tensions territoriales autour de Vladivostok entre la Chine et l’URSS. En 1963, les conseillers soviétiques sont expulsés de Chine et l’alliance avec le « Grand frère » est rompue. La rupture avec l’URSS entraîne la reconnaissance de la Chine par la communauté internationale et son admission à l’ONU.

Un certain rayonnement international dans les années 1960 et 1970

Dans le cadre de l’émancipation de la tutelle soviétique, la Chine sort de son isolement politique. Dans un contexte de Détente et de complexification des relations internationales, les États-Unis reconnaissent officiellement la Chine et le président américain R. Nixon fait une visite officielle à Pékin en 1972.

En octobre 1971, la République Populaire de Chine remplace la République de Chine (Taïwan) au Conseil de sécurité de l’ONU, grâce à l’adoption d’une motion proposée par l’Albanie et votée notamment par 26 pays d’Afrique et 24 pays d’Europe. Ainsi, la Chine communiste est désormais reconnue sur la scène internationale et entre dans le concert des grandes puissances, d’autant qu’elle a acquis en 1964 la maîtrise de l’arme nucléaire.

La Chine (et son modèle politique et sociétal) exerce une certaine fascination sur la jeunesse occidentale notamment pendant la Révolution culturelle qui a lieu entre 1966 et 1968. Au début des années 1960, Mao se trouve affaibli et critiqué au sein du PCC à cause de l’échec du Grand Bond en avant. Il lance alors en 1966 la Révolution culturelle. Les jeunes chinois sont appelés à devenir des gardes rouges dont la mission est de traquer les supposés réfractaires à la nouvelle Chine communiste. Ils sont munis du petit livre rouge qui contiennent citations et instructions de Mao attisant la révolte (« on a toujours raison de se révolter », « nous ne voulons pas la gentillesse, nous voulons la guerre »). Intellectuels et membres du parti communiste sont publiquement humiliés et doivent faire leur « autocritique », retenue ensuite à charge dans leur procès. Des milliers de sculptures et temples (les « vieilleries ») sont détruites.

Ainsi, Mao élimine ses rivaux, notamment Liu Shaoqi qui décède en prison en 1969, et peut revenir au sommet du pouvoir grâce au soutien de la jeunesse du pays. Cependant, le pays se trouve au bord de la guerre civile. Pour remettre de l’ordre, Mao s’appuie sur l’armée et ordonne en 1968 l’envoi de millions d’anciens gardes dans les campagnes. Un million de Shanghaïens sont ruralisés de force entre 1968 et 1976. Le bilan est très lourd : 1 à 3 millions de Chinois trouvent la mort pendant la Révolution culturelle.

Ce bilan n’est pas connu en Occident où une partie de la jeunesse et des intellectuels est séduite par l’idéologie maoïste qui incarne l’espoir révolutionnaire des années 1960, à l’heure des désillusions face au modèle soviétique. Le Petit Livre rouge se vend partout dans le monde : en 1976, il est traduit dans 36 langues et imprimé à 720 millions d’exemplaires.

3. La Chine leader du Tiers-Monde à partir des années 1970

Dès les indépendances des anciennes colonies européennes, la Chine soutient activement les peuples colonisés et/ou récemment indépendants au-delà de l’Asie. Ainsi, elle participe à la conférence de Bandung en 1955 réunissant des pays récemment décolonisés refusant de s’aligner sur l’un des deux blocs. Zhou Enlai, chef de la diplomatie chinoise, encourage les jeunes pays d’Afrique et d’Asie à s’unir. La Chine se présente comme un modèle de développement adapté aux contraintes des pays pauvres restés ruraux et faisant face à une forte croissance démographique. Elle soutient activement les mouvements de décolonisation (comme en Angola) et aide de nouveaux États indépendants. Ainsi, elle finance la construction d’une ligne de chemin de fer entre la Tanzanie et la Zambie pour exporter le minerai de cuivre.

Document 6 Déclaration de Zhou Enlai à Bandung (1955)

« Je désire déclarer une fois encore que le peuple chinois apporte toute sa sympathie et son appui à la lutte des peuples d’Algérie, du Maroc et de la Tunisie pour leur autodétermination et leur indépendance, à la lutte du peuple indonésien pour le rétablissement de la souveraineté indonésienne sur l’Ouest d’Irian (Nouvelle-Guinée occidentale), et à la juste lutte pour l’indépendance nationale et le liberté des peuples que livrent tous les peuples d’Asie et d’Afrique pour secouer le joug du colonialisme [...] Quant à l’unification pacifique de la Corée, les parties intéressées devraient rapidement chercher une solution par voie de négociations. La Chine et les États-Unis devraient se rencontrer et négocier pour régler la question de l’atténuation et l’élimination de la tension dans la région de Formose. Cependant, cela ne doit en aucune manière affecter la juste volonté du peuple chinois d’exercer ses droits souverains pour la libération de Formose. »

Source : intervention de Zhou Enlai à la fin de la Conférence de Bandung (Indonésie), 24 avril 1955.

Document 7 Un modèle communiste chinois qui se veut international

Traduction : « Le président Mao est le grand libérateur du peuple révolutionnaire dans le monde ».

Source : Affiche de propagande chinoise datant de 1968

© IISH/Stefan R. Landsberger Collections.
https://chineseposters.net/

Document 8 Les relations sino-africaines dans les années 70

Dans les années 1970, les dirigeants chinois, dont le premier ministre Zhou Enlai, développent la théorie des trois mondes. Le premier monde est constitué des États-Unis et de l’URSS ; le deuxième de puissances intermédiaires (Europe, Japon…) et le troisième des pays du Tiers-monde, dont la Chine. Cette théorie est exposée devant l’ONU en 1974 par Deng Xiaoping.

Document 9 La théorie des trois mondes

« Notre globe comporte [...] trois parties, trois mondes qui sont à la fois mutuellement liés et opposés. Les États-Unis et l’Union Soviétique forment le premier monde, les pays en voie de développement d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine le Tiers-monde, et les pays développés qui se trouvent entre les deux, le second monde. Les deux superpuissances, les États-Unis et l’Union soviétique, tentent, mais en vain, de s’assurer l’hégémonie mondiale. Elles cherchent, par divers moyens, à placer sous leur contrôle les pays en voie de développement [...] et en même temps, elles malmènent les pays développés dont le potentiel est inférieur au leur. Les deux superpuissances, les plus grands exploiteurs et oppresseurs internationaux de notre époque, constituent un foyer d’une nouvelle guerre mondiale. Toutes deux disposent d’importantes quantités d’armes nucléaires [...]

Les nombreux pays en voie de développement ont été pendant longtemps victimes de l’oppression et de l’exploitation du colonialisme et de l’impérialisme. Ils ont conquis l’indépendance politique. Cependant, ils se trouvent confrontés, sans exception, à la tâche historique de liquider les forces résiduelles du colonialisme, de développer l’économie nationale. »

Source : extrait d’un discours de Deng Xiaoping à l’ONU, en avril 1974

Expression écriteQuestions

1. Présentez le document 9 dans son contexte historique.

2. Montrez que les relations entre la Chine et l’URSS ont changé depuis les années 1950.

3. Quelle mission se donne la Chine dans le monde dans les années 1970 ?

4. Le discours de Deng Xiaoping est un discours de propagande. On y trouve donc de nombreux éléments qui ne correspondent pas à la réalité. Portez un regard critique sur le document.

SolutionRéponses

1. Il s’agit d’un discours prononcé, en 1974, à l’ONU par Deng Xiaoping (au pouvoir en Chine entre 1978 et 1992). La Chine occupe depuis 1971 son siège au conseil de sécurité de l’ONU et elle essaie de s’affirmer sur la scène internationale après sa rupture avec l’URSS. Ce discours de propagande présente la théorie des trois mondes et s’adresse en particulier aux pays du troisième monde, dont la Chine fait partie : le Tiers-Monde.

2. L’URSS est devenue l’ennemie de la Chine depuis la rupture du pacte sino-soviétique en 1963. Elle est accusée d’être particulièrement « perfide » en imposant sa domination par la force sur le bloc de l’Est (par exemple lors de la répression de la révolte tchécoslovaque en 1968 par l’armée rouge).

3. La Chine dans les années 1970 a une lecture tripartite du monde :

► D’abord les deux superpuissances impérialistes, les États-Unis, « tigre de papier », et l’URSS, « l’ours polaire », toutes deux critiquées par le gouvernement chinois.

► Puis les puissances intermédiaires : le Japon et l’Europe.

► Enfin, le Tiers-Monde. Depuis Bandung en 1955 et en particulier depuis la rupture avec l’URSS, la Chine se veut le guide du Tiers-monde : « le gouvernement et le peuple chinois aident (…) les peuples opprimés dans leur lutte pour gagner ou défendre leur indépendance nationale ». En effet, la Chine arme des guérillas indépendantistes en Afrique dans les années 1960-70, comme en Angola (1970). Mao fait de nombreux voyages dans des pays africains afin d’exporter le modèle chinois. La Chine de Mao soutient le Vietnam du Nord contre les États-Unis et le Vietnam du sud jusqu’en 1975. En obtenant le soutien d’un certain nombre des pays du Tiers-monde, la Chine a pu trouver sa place à l’ONU en 1971.

4. Le discours de Deng Xiaoping est un discours de propagande. Il critique l’URSS mais ne mentionne pas le pacte sino-soviétique qui a permis à la Chine de retrouver une partie de sa puissance entre 1950 et 1963. Les États-Unis sont présentés comme l’ennemi de la Chine mais Deng Xiaoping ne mentionne pas non plus la reprise des relations avec les États-Unis qui a lieu depuis le début des années 1970. Enfin, il dénonce l’impérialisme des deux superpuissances mais occulte l’annexion du Tibet par la Chine en 1950.

Dans les années 1960 et 1970, la Chine est en quête de reconnaissance internationale. Isolée en Asie face à ses rivaux indien et japonais, elle obtient quelques succès diplomatiques en se positionnant comme le leader du Tiers-Monde. Mais en 1976, à la mort de Mao, l’influence de la Chine est cependant très inférieure à celle de l’URSS et elle reste un pays pauvre, à 75 % rural. Le maoïsme a constitué une expérience originale mais a échoué dans les buts qu’il s’était fixé.

B De la mort de Mao en 1976 à aujourd’hui :
vers un statut de grande puissance

Mao meurt en 1976. Une période de transition de deux ans s’ensuit avec le gouvernement de la « bande des quatre ». Deng Xiaoping s’impose comme le numéro un du parti communiste à partir de 1978. Il décide de lancer des réformes économiques et sociales pour moderniser une Chine en retard de développement, dont l’IDH n’est que de 0,5 à la fin des années 1970.

1. La construction de la puissance économique dans les années 1980

La politique de l’enfant unique

En 1978, la Chine est un pays très peuplé de presque 1 milliard d’habitants avec une croissance démographique encore forte. Mao encourageait les Chinois à faire des enfants : la population chinoise est passée de 550 millions en 1950 à 890 millions en 1973.

Considérant que cette croissance démographique constitue un frein au développement du pays, Deng Xiaoping met en place une politique publique dite de « l’enfant unique » en 1979 pour contrôler les naissances. Les couples chinois ne sont autorisés à avoir qu’un enfant, sous peine de sanctions pénales voire d’avortements forcés et de stérilisations. Le taux de natalité (qui avait déjà baissé dans les années 1970, passant de 5,75 enfants par femme en 1970 à 2,75 enfants par femme en 1978) chute à moins de deux enfants par femme.

La libéralisation de l’économie

Deng Xiaoping maintient le communisme au sein de la Chine et promeut un « socialisme aux couleurs de la Chine » qui est en fait une ouverture progressive à l’économie de marché et à la mondialisation. Il dit : « Peu importe que le chat soit noir ou gris pourvu qu’il attrape les souris ».

Deng Xiaoping entame les « quatre modernisations » de la Chine en 1978 concernant :

► l’agriculture (les terres sont décollectivisées) ;

► la science ;

► la défense nationale ;

► l’industrie.

Ainsi, des zones économiques spéciales (ZES) situées sur le littoral sud-est chinois, sont créées en 1979 offrant une combinaison d’incitations fiscales aux entreprises. Ces avantages, alliés au faible coût d’une main d’œuvre nombreuse, attirent les investissements étrangers. Le développement chinois s’appuie dès lors sur une économie d’exportation de produits manufacturés.

Une deuxième vague de modernisation commence en 1992. L’emploi à vie disparaît, des sociétés mixtes par actions sont autorisées et de grands groupes commencent à se constituer. Le gouvernement chinois maintient toutefois son contrôle sur les secteurs clés de l’économie comme l’énergie ou les transports. La croissance économique chinoise est dès lors spectaculaire, autour de 10 % par an entre 1978 et 2010. La part de la Chine dans le PIB mondial passe de 4 % en 1978 à 18 % en 2015. Devenue un partenaire commercial majeur pour les grandes puissances, la Chine s’ouvre pleinement à la mondialisation, notamment grâce à ses métropoles côtières comme Shanghai. Le pays intègre les institutions financières internationales (FMI et Banque mondiale) en 1980-81 et l’OMC en 2001.

Document 10 Les phases de l’ouverture économique de la Chine
Document 11 L’intégration de la Chine aux institutions internationales

© AFP.

Affiche sur la WTO (World Trade Organisation, Organisation mondiale du commerce) dans une rue chinoise en 2001.

Depuis le début des années 1990, grâce au développement économique et à la hausse du niveau de vie, les classes moyennes chinoises accèdent à la société de consommation et au tourisme. Ainsi 2 millions de Chinois sont venus faire du tourisme en France en 2017.

Document 12 Touristes chinois devant la Tour Eiffel

2. La Chine une superpuissance en devenir ?

Le terme superpuissance désigne un pays dont le rayonnement politique, économique, militaire et culturel est prééminent à travers le monde. Ainsi, une superpuissance est capable d’influencer des événements à l’échelle mondiale.

Les facettes de la superpuissance chinoise

La Chine est aujourd’hui la deuxième puissance économique mondiale après les États-Unis et exerce son influence bien au-delà de l’Asie. Elle a pour premier partenaire commercial les États-Unis, dont elle est le créancier. Elle est également depuis peu le premier partenaire commercial de l’Allemagne. La Chine étend aussi son influence en Afrique : on parle de « Chinafrique ». Investissements, aides et prêts divers sont accordés à certains États (Angola, Nigeria, Soudan, Algérie...), concurrençant ainsi l’influence des pays occidentaux et notamment de la France. Cette implantation en Afrique a surtout pour but de sécuriser les apports en matières premières de la Chine. Ainsi, lorsque le Soudan du Sud a fait sécession, les Chinois ont construit un nouveau port et un oléoduc sur la côte du Kenya afin de faciliter l’exportation des hydrocarbures. La Chine a également acheté 13 millions d’hectares de terres en Afrique.

La Chine est aussi une puissance financière : la bourse de Shanghai se plaçait en 5ème position au classement mondial en 2016. La métropole est d’ailleurs le symbole de l’ouverture fulgurante du pays au capitalisme et à la mondialisation, comme en témoignent les photographies du district de Pudong.

Au carrefour de la puissance économique, scientifique et géopolitique, le programme spatial de la Chine a accompagné son développement économique fulgurant. Elle a développé des satellites de télécommunications, d’observation de la Terre, de reconnaissance militaire et a lancé un premier vol habité en 2003.

Une puissance militaire qui s’affirme et qui inquiète

Jusque dans les années 1990, la Chine était militairement et géopolitiquement faible car elle entretenait de mauvaises relations avec ses voisins indien, japonais et soviétique et était bloquée par la présence étasunienne en mer de Chine.

Elle s’est donc employée à consolider ses frontières. En 1997, le Royaume-Uni lui restitue Hong-Kong et le Portugal Macao (en 1999). C’est un succès géopolitique pour la Chine qui retrouve l’intégrité de son territoire continental. Dans l’Océan indien, les Chinois ont constitué une série de points d’appuis qui forment le « Collier de perles ». Une série d’îlots sont l’objet de contestations avec le Japon, le Vietnam et les Philippines en mer de Chine : îles Paracels au large du Vietnam (avec une implantation militaire depuis 1974), îles Spratley (îles coralliennes non habitées dont la ZEE –zone économique exclusive- abrite des richesses en pétrole et gaz), atoll de Scarborough, îles Senkaku (sur cette question vous pouvez vous référer au chapitre de géographie « géostratégie des espaces maritimes »).

La Chine modernise son armée : ses dépenses militaires sont en hausse depuis le début des années 1990 et son budget militaire est le deuxième du monde (après les États-Unis). Xi Jinping, à la tête de la Chine depuis 2012 en tant que secrétaire général du Parti puis président de la République, incarne une ligne très autoritaire et nationaliste qui veut faire de la Chine une puissance hégémonique en Asie. La Chine inquiète donc les grandes puissances et ses voisins asiatiques qui augmentent par conséquent leurs dépenses militaires.

Par ailleurs, la question de Taïwan reste en suspens. Pékin considère toujours l’île comme un territoire chinois bien qu’elle soit indépendante et protégée par les États-Unis.

Agressive dans son premier cercle, la Chine est encore discrète sur le plan international. Elle défend une ligne multipolaire permettant au commerce de s’épanouir. Elle joue un rôle de modérateur relatif depuis 2003 concernant son voisin et allié historique nord-coréen, avec la mise en place de pourparlers à six (États-Unis, Corée du Sud, Corée du Nord, Chine, Japon, Russie).

Une puissance culturelle émergente

La Chine est d’abord la première puissance démographique au monde avec plus d’1,3 milliard d’habitants et une diaspora (Chinois vivant outre-mer) de 40 millions de personnes qui contribue à faire rayonner la Chine à l’étranger.

Géant économique, la Chine cherche maintenant à affirmer son soft power. Elle a accueilli des événements internationaux : les Jeux Olympiques ont eu lieu à Pékin en 2008 et l’exposition universelle à Shanghai en 2010. Entre 2004 et 2010, 691 instituts Confucius se sont implantés dans les grandes villes de 96 pays du monde. Ils y sont le relais de la culture et de la langue chinoise. Cette initiative du gouvernement chinois est le symbole d’une véritable offensive culturelle, dont les effets restent tout de même limités par les critiques du modèle autoritaire chinois à l’étranger et au sein même de la diaspora.

3. Les défis et faiblesses de la puissance chinoise

Sur le plan économique : inégalités et dégâts environnementaux

Si la puissance économique chinoise est incontestable, le niveau de vie moyen en Chine est encore faible et de très fortes disparités régionales existent, notamment entre l’est du pays développé, urbanisé et industrialisé et un ouest plus rural (même si le développement concerne aussi l’intérieur des terres). Les inégalités sociales sont grandissantes : une étude récente montre que les 50 % des Chinois les plus pauvres ont bénéficié d’une croissance de leur revenu deux fois plus faible que la moyenne depuis 1978. L’écart entre les plus pauvres et les plus riches a nettement dépassé l’écart européen et se rapproche de celui observé aux États-Unis.

Par ailleurs, l’hyper endettement de l’économie chinoise inquiète : la dette chinoise dépasse 250 % du PIB (141 % en 2008) ; et la croissance économique chinoise tend à baisser depuis quelques années (6,7 % de croissance du PIB en 2016). Ce ralentissement est lié à la transition d’une économie d’exportation de biens de consommations à faible valeur ajoutée vers une économie plus complexe tournée vers la demande intérieure.

Enfin, le développement économique s’est fait au détriment de l’environnement : la Chine est le premier émetteur de CO2 de la planète. Le smog, ce brouillard de pollution présent quotidiennement à Pékin, en est le témoin. Dans les grandes villes, les pics de pollution aux particules fines atteignent des niveaux trente fois supérieurs au seuil recommandé par l’OMS. Les autorités chinoises ont longtemps masqué le problème et semblent désormais reconnaître qu’il faut mener une politique environnementale volontariste. La Chine vient au début de l’année 2017 de prendre trois mesures symboliques en faveur de l’environnement :

► l’interdiction du commerce de l’ivoire ;

► l’interdiction du trafic d’ailerons de requins (servant à faire des soupes en Chine et au Japon) ;

► l’instauration de quotas de pêche.

De lourds défis démographiques

La Chine est confrontée à deux défis démographiques majeurs : sa population est vieillissante et il existe un fort déséquilibre entre les sexes, deux mutations fortement liées à la mise en place de la politique de l’enfant unique. D’après le dernier recensement, 17 % de la population chinoise a plus de 60 ans et ce chiffre devrait fortement augmenter dans les années à venir. D’autre part, les hommes sont plus nombreux que les femmes car les couples chinois préfèrent avoir un garçon, notamment dans les campagnes. Ainsi, en 2010, il naissait en Chine 118,1 garçons pour 100 filles. Face à ces problèmes, le gouvernement chinois a décidé d’assouplir la politique de l’enfant unique. Reste l’épineuse question des retraites à laquelle le gouvernement devra s’attaquer.

Le défi politique de la « cinquième modernisation »

L’économie s’est libéralisée depuis la mort de Mao avec les « quatre modernisations », mais le « socialisme aux couleurs de la Chine » implique le maintien de la dictature du PCC. Cependant, une partie des Chinois rêvent d’une « cinquième modernisation », celle de la libéralisation politique. En 1989, des étudiants, ouvriers et intellectuels se révoltent contre la dictature communiste et manifestent à Pékin et dans d’autres grandes villes chinoises. Ce mouvement se conclut par la répression de la place Tien’anmen : le gouvernement fait intervenir l’armée, de nombreux civils sont tués. Depuis lors, le PCC maintient une dictature très sévère en Chine. Il est toujours le parti unique et contrôle autant que possible les flux d’information, notamment ceux d’Internet, et étouffe les revendications de liberté et d’indépendance des peuples. Des dissidents critiquent le régime, tel l’écrivain Liu Xiaobo (interné depuis 2009) qui, dans La philosophie du porc, montre que les dirigeants se contentent de nourrir la population sans se soucier des libertés. En 2014, des manifestants Hong-kongais protestent contre la limitation du suffrage universel pour l’élection du chef de l’exécutif de Hong-Kong, c’est la « révolution des parapluies » (utilisés par les manifestants pour se protéger ds gaz lacrymogènes). S’ajoute à ces revendications la question des nationalités minoritaires au Tibet (émeutes en 1989 et en 2008) et au Xinjiang. Sur le plan intérieur comme sur le plan international, la Chine ne tolère aucune critique concernant l’absence de démocratie et le non respect des droits de l’homme. Les grandes puissances occidentales prennent rarement position car la Chine est un partenaire commercial trop important. Mais la question de la durabilité de ce système se pose.

Ainsi, la Chine est devenue entre 1978 et aujourd’hui une puissance économique mondiale et une puissance culturelle et militaire qui s’affirme. Agressive dans son environnement proche, elle est cependant ouverte sur le monde.

Activité de synthèse

Expression écriteQuestion

À l’aide de votre cours et de vos connaissances personnelles, recopiez puis complétez le schéma de synthèse suivant :

SolutionRéponse

Conclusion

La Chine a (re)construit sa puissance depuis 1949 et occupe aujourd’hui une place prépondérante sur la scène internationale. Cependant, elle n’est pas une puissance globale et reste attachée à une logique de rayonnement régional. Elle n’a pas vocation à être gendarme du monde comme l’ont été les États-Unis. C’est une grande puissance économique qui joue un rôle mondial, y compris à l’ONU, mais qui obéit à des logiques internes et externes qui lui sont propres.

Synthèse générale

La montée en puissance des États-Unis et de la Chine depuis 1945

Américaine

Chinoise

Seconde Guerre mondiale

Affirmation de la puissance et

leadership mondial assumé

Affirmation de l’unité nationale

face à l’occupation japonaise

Guerre froide

Affirmation du leadership

Superpuissance à l’échelle

mondiale

Recherche de la puissance par

la voie maoïste (1949-1978)

Affirmation de la puissance

régionale

Monde multipolaire

Hyperpuissance du «gendarme

du monde» ou puissance en

déclin ?

Recherche de la puissance par

le succès économique

Affirmation de la puissance

régionale et mondiale

Des faiblesses

Situation économique (dette,

déficit)

Concurrence des pays

émergents

Image ternie au Proche-Orient,

en Europe, en Amérique du Sud

et en Asie du Sud-Est

Puissance en retrait sur la

scène internationale

Des faiblesses économiques

(dépendance de l’économie aux

marchés, creusement des

inégalités, vieillissement de la

population)

Absence de libertés

espace


Modifié le: Wednesday 18 March 2020, 15:37