Proche et Moyen-Orient, un foyer de conflit depuis la fin de la Première Guerre mondiale

Chapitre 3

chapitre 3

Ce chapitre est l’un des plus complexes du programme de Terminale. Il s’agit également d’un chapitre crucial pour comprendre l’actualité car le Moyen-Orient demeure un des points chauds de la planète. Ce chapitre vise à vous accompagner au mieux dans le décryptage des enjeux qui traversent la région depuis 1918.

En introduction d’un tel sujet, deux mises en garde s’imposent. Si elles sont utiles pour tout travail historique, elles sont primordiales lorsqu’on traite une telle question. La première mise en garde concerne l’usage du vocabulaire. Il est impératif d’utiliser un vocabulaire précis (qui sera étudié au cours de la séquence) afin d’éviter les amalgames ou les approximations (musulmans/arabes, juifs/Israéliens, sunnites/chiites, empire ottoman/Turquie …). La deuxième mise en garde concerne la stricte neutralité du propos. Il ne faut pas oublier que sur un chapitre traitant de conflictualités toujours d’actualité et sujettes à des partis pris, il faut conserver une stricte neutralité dans l’étude des exemples. Il s’agira de présenter une analyse historique et non de donner un avis personnel.

espace

Activité introductive Qu’est-ce que le Moyen-Orient ?

La complexité de la question apparaît d’ailleurs dès la lecture du sujet : quelles sont les frontières du Proche et du Moyen-Orient ? Arrêtons-nous sur une carte pour tenter de délimiter cet espace.

Document 1 Délimitations spatiales du Proche et du Moyen-Orient

Expression écriteQuestions

1. Qu’est-ce que le Proche-Orient ?

2. Qu’est-ce que le Moyen-Orient ?

SolutionRéponses

1. L’expression « Proche-Orient » désigne, le plus souvent, les pays de l’est du bassin méditerranéen : Égypte, Israël, Liban, Syrie et Turquie. Cette notion est née sous la plume des diplomates français du XIXème siècle, mais elle n’a jamais vraiment été clairement définie. Elle s’oppose à l’expression « Extrême-Orient » qui désignait, elle, l’Asie de l’Est.

2. Le « Moyen-Orient » se définit comme l’ensemble des pays de l’Asie de l’Ouest et du Sud-Ouest. L’expression s’est imposée depuis le début du XXème siècle sous l’influence des Anglo-Saxons. Là encore, la question de la délimitation n’est pas nettement tranchée.

La question de l’appartenance de l’Afghanistan au Moyen-Orient ne trouve pas de réponse évidente. Au premier abord, ce pays est davantage tourné vers l’Asie centrale et du Sud, notamment avec son voisin le Pakistan. Mais les enjeux liés à l’islamisme et, plus récemment, ceux du terrorisme posent la question d’un élargissement du Moyen-Orient à ce pays. En revanche, le Maghreb est nettement exclu du Moyen-Orient.

Quelles bornes chronlogiques ?

Le programme précise qu’il s’agit d’étudier la région depuis la « fin de la Première Guerre mondiale », c’est-à-dire de 1918 à nos jours.

Pour mieux comprendre la situation du Proche et du Moyen Orient à la fin de la Grande guerre, il faut revenir à la situation de 1914, c’est-à-dire à la veille de la guerre. À l’époque, la région est sous une double domination : celle de l’Empire ottoman et celle des puissances européennes.

Document 2 L’Empire ottoman à la veille de la Première Guerre mondiale

Expression écriteQuestions

1. Quels sont les États en présence dans la région ?

2. L’Empire ottoman est-il un territoire politique homogène?

SolutionRéponses

1. De nombreuses puissances sont présentes dans la région avant la Première Guerre mondiale. L’Empire ottoman domine une grande partie de la région : l’Anatolie, le littoral oriental de la Mer Rouge et, par un jeu de vassalité, une petite partie centrale de la péninsule arabique. La Grande-Bretagne apparaît comme l’autre puissance dominante de la région. Elle est présente de multiples façons dans la région : protection accordée à l’Égypte qui lutte pour son autonomie contre l’Empire ottoman, influence en Perse (l’actuelle Iran), colonie autour de la ville d’Aden au sud de la péninsule… D’autres puissances ont une influence dans la région. C’est le cas notamment de la Russie dont l’empire s’étend aux portes du Moyen-Orient et qui dispose d’un relais très fort en Perse.

2. L’Empire ottoman, constitué depuis le XIIème siècle, a connu son apogée au XVIIème siècle. Mais à la veille de la Première Guerre mondiale, il est en déclin dans la région car son pouvoir est remis en cause par l’indépendance de gouverneurs locaux comme en Égypte.

Le choix fait par les Ottomans de combattre aux côtés des puissances centrales (Allemagne, Autriche-Hongrie) pendant la Grande guerre et la défaite qui s’ensuit vont accélérer l’éclatement de l’Empire ottoman.

La France et la Grande-Bretagne, vainqueurs de la Première Guerre mondiale, entendent se partager leur influence sur les régions de l’Empire ottoman défait. Dès 1916, alors même que la guerre fait encore rage sur le continent, Paris et Londres délimitent déjà leurs futures zones d’influence. La fin de la guerre leur donne raison : l’Empire Ottoman disparaît.

Dans ces conditions, la question qui se pose dans cette région dévastée par la famine et les épidémies est la suivante : quels États vont succéder à l’Empire ottoman ? Des intérêts contradictoires sont en jeu : les puissances européennes entendent contrôler la région alors que des États indépendants cherchent à préserver leur souveraineté. Le traité de Sèvre de 1920 puis celui de Lausanne en 1923 dessinent la carte du nouveau Moyen-Orient.

Document 3 Le Moyen-Orient après le traité de Lausanne (1923)

Expression écriteQuestion

Quelles sont les puissances présentes dans la région après le traité de Lausanne ?

SolutionRéponse

Plusieurs puissances sont présentes dans la région :

- La Turquie prend la suite de l’Empire ottoman amputé des provinces arabes.

- La Grande-Bretagne est très présente dans la région. Elle administre directement la Palestine, l’Irak et la région d’Aden. Elle contrôle l’Égypte, pourtant officiellement indépendante.

- La France contrôle la Syrie et le Liban, deux territoires nouvellement créés.

- L’Iran (Perse) et l’Arabie sont indépendants, mais il est vrai que la Grande-Bretagne demeure influente.

Introduction

« Moyen-Orient » est une expression issue de la diplomatie britannique née au tournant du XXème siècle. Elle est contemporaine de l’affaissement de l’immense Empire ottoman constitué depuis le XIIIème siècle et qui, à son apogée au XVIIème siècle, s’étendait de la Mer Caspienne aux rives atlantiques du Maroc et du Danube au Yémen actuel.

Le terme « Proche-Orient » - issu de la tradition géographique française- définit un Orient proche de l’Europe, limité à la Turquie, l’Arménie et au Croissant fertile, en opposition à l’Extrême-Orient. Les changements géopolitiques, l’affirmation du nationalisme arabe, les questions du pétrole, le problème palestinien, l’affirmation d’Israël puis le contexte de guerre froide ont modifié l’échelle d’analyse de cette région en la recentrant sur l’Orient arabe. Plus récemment, la question de l’islamisme ou de l’islam politique et plus encore celle du terrorisme ont amené, à la suite de la diplomatie étatsunienne, à élargir le concept de Moyen-Orient à l’ensemble du monde musulman en y réintégrant une Turquie émergente au plan économique et diplomatique.

Cette notion est donc indissociable des contextes, des vues géopolitiques de ceux qui l’utilisent.

C’est justement cette définition mouvante qui peut nous faire comprendre en quoi le Moyen-Orient depuis 1945 a été le calque des tensions et des conflits qui définissent le monde contemporain : impérialisme, nationalisme, décolonisation, guerre froide, tiers-mondisme, intégrismes religieux, terrorisme, inégalités de développement, affirmation et limites de l’hyperpuissance américaine. Autrement dit, cet espace semble être le reflet des mouvements et des problématiques d’un monde qui s’est mondialisé.

Depuis la fin de la Première Guerre mondiale, la région a été marquée par des conflits qui ont eu une influence importante à l’échelle mondiale.

Le chapitre s’attache ainsi à dégager les motifs et les formes de conflictualité. Impérialisme, nationalisme, Seconde Guerre mondiale, guerre froide, décolonisation, intégrisme religieux, terrorisme, guerres civiles : tous ces conflits si variés et si complexes, touchant toute la région ou seulement certains pays ont eu une forte résonnance au niveau mondial. L’actualité montre que l’écho des conflits en cours au Proche et au Moyen Orient persiste encore.

Problématiques

Interrogation► Quels facteurs font de la région un foyer particulier de conflits et comment agissent-ils ?

► Pourquoi ces conflits ont-ils dans le monde une telle résonnance, tant par leurs conséquences directes que par leur retentissement ?

Plan du chapitre :
traitement
de la problématique

Notions-clés

Repères

A. Une région à forts enjeux à toutes les échelles

Définir le contexte international d’un document.

Identifier des principes des relations internationales en mettant en relation deux documents.

1. Un carrefour stratégique au cœur de la mondialisation

Espace stratégique

2. Une mosaïque culturelle et religieuse

Minorités

Sunnisme/Chiisme

3. Population et ressources

Économie de rente

B. Un espace largement influencé par les grandes puissances mondiales

Mettre en relation le contenu d’un discours avec ses connaissances.

Étudier un discours de politique étrangère et être capable d’en faire une analyse critique.

1. Un territoire sous influence européenne jusqu’en 1945

Puissance mandataire

Panarabisme

Sionisme

Droit des peuples à disposer d’eux-mêmes

2. Le Proche et Moyen-Orient dans la guerre froide

Bipolarisation
Containment

3. Depuis 1991 : l’hégémonie américaine ?

Unilatéralisme

C. Des conflictualités complexes

Comprendre l’enchaînement des causes et des effets d’un conflit régional ou international.

1. L’instabilité des frontières comme source de conflits

Nationalisme

Entité nationale

Hégémonie régionale

2. Des conflits emboités

3. La montée de l’islamisme et de l’instabilité politique dans la région

Islamisme politique

Islamisme radical

Panislamisme

  • Pour cette question se référer au document 14 de la séquence 2.

A Une région à forts enjeux à toutes les échelles

Avant d’évoquer d’une manière plus chronologique les conflits qui ont traversé (et qui pour certains, traversent encore) cette région, il convient de comprendre qu’il s’agit d’une région à forts enjeux.

1. Un carrefour stratégique au cœur de la mondialisation

Tout d’abord, le Moyen-Orient est une zone de passage. Ce qui suscite l’intérêt des puissances et explique le caractère stratégique de la région.

Expression écriteQuestions

À l’aide de vos connaissances acquises lors de l’étude du chapitre « la géostratégie des espaces maritimes » et du document 4, répondez aux questions ci-dessous.

1. En quoi la situation géographique du Moyen-Orient est-elle stratégique ?

2. Quelles sont les façades maritimes du Moyen-Orient ?

3. Quels sont les points de passages stratégiques de la région ?

4. À l’aide de vos connaissances personnelles ou d’une recherche internet, présentez les caractéristiques du canal de Suez en Égypte.

SolutionRéponses

1. L’importance stratégique du Moyen-Orient tient d’abord à sa situation géographique pour deux raisons :

- D’une part, le Moyen-Orient est un carrefour entre la Méditerranée et l’Océan indien.

- D’autre part, le Moyen-Orient opère la jonction entre l’Europe, l’Afrique et l’Asie.

2. Le Moyen-Orient dispose de nombreuses façades maritimes :

- La Méditerranée

- La mer Caspienne

- L’océan Indien

- La mer Rouge

- La mer Noire

3. La région dispose également de points de passage stratégiques. Il s’agit particulièrement des détroits, c’est-à-dire des bras de mer entre deux terres. Le Moyen-Orient est bordé par quatre détroits majeurs :

- Le Bosphore et les Dardanelles qui forment des points de rencontre avec la Russie.

- Le détroit d’Ormuz est un détroit stratégique du fait des ressources pétrolières qui y transitent : près de 30 % du commerce mondial de pétrole passe par ce détroit large de 40 kilomètres.

- Le détroit de Bab-el-Mandeb qui relie la mer Rouge à l’océan Indien dans le prolongement du canal de Suez.

4. Le canal de Suez, situé en Égypte, est une voie maritime percée sur près de 200 km de long et relie la mer Méditerranée à la mer Rouge. Ce canal revêt une importance stratégique dans la région. Ouvert en 1869, il offre le plus court chemin entre l’Europe et l’Inde (colonie britannique jusqu’en 1947) en permettant d’éviter le contournement de l’Afrique par le sud et le cap de Bonne-Espérance. Dès sa création, ce canal a fait l’objet de tensions. L’Égypte avait accordé l’autorisation aux Français de construire ce canal en échange de parts dans la société qui l’administrait. La Grande-Bretagne y était opposée : elle redoutait une trop grande influence française dans la région. Les Anglais préféraient un projet de liaison ferroviaire. A plusieurs reprises, ils ont fait arrêter les travaux. Finalement, les Britanniques ont racheté la part de l’Égypte et le canal est passé sous administration franco-britannique. C’est encore l’administration du canal qui conduit à une grave crise diplomatique. En 1956, Nasser, le président de l’Égypte alors indépendante, a décidé de nationaliser le canal pour obtenir les revenus des droits de passage et recouvrer la souveraineté égyptienne. Avec le soutien d’Israël, la France et la Grande-Bretagne sont intervenues militairement contre Nasser. Mais dans le cadre de la guerre froide, les États-Unis et l’URSS ont contraint les puissances occidentales à renoncer à la guerre avec l’Egypte. Le canal est effectivement passé sous administration égyptienne.

Aujourd’hui, l’intérêt stratégique de ce canal est toujours très fort. Il explique les lourds travaux engagés par l’Egypte pour doubler sa capacité de passage. L’opération a coûté 8 milliards de dollars et s’est achevée en 2015.

Au sein de la mondialisation, le Moyen-Orient apparait comme un espace stratégique. Il s’agit d’un espace particulièrement ouvert, car à la jonction des continents européen, africain et asiatique. Sa situation particulièrement favorable fait qu’il est traversé par des flux commerciaux maritimes et terrestres. Certains points de passage sont jugés stratégiques car ils facilitent les circulations maritimes entre l’océan Indien et la Méditerrané. Le Proche et Moyen-Orient sont une zone de passage mettant en contact l’Europe et l’Asie, suscitant l’intérêt et les appétits des puissances extérieures depuis le XIXème siècle. Cette position stratégique liée aux détroits naturels de la région a été encore accentuée par la construction du canal sur l’isthme de Suez en 1869. Les détroits sont donc potentiellement des lieux de tensions et de conflits entre les puissances de la région ou les pays industrialisés qui cherchent à contrôler leurs approvisionnements énergétiques (États-Unis, Chine, Japon et Union européenne)

Pour aller plus loin…

InternetRendez-vous sur Google Earth. Dans la barre de recherche, tapez « Canal de Suez ». Vous pouvez désormais le survoler et profiter des photos disponibles.

Faites de même avec le détroit d’Ormuz.

2. Une mosaïque culturelle et religieuse

Les conflits de la région et leur résonnance à travers le monde s’expliquent également par la diversité culturelle et religieuse des populations sur place.

Des populations et des cultures plurielles

Document 4 Une région à forts enjeux

Expression écriteQuestions

1. Quels sont les grands groupes humains (de plus de dix millions d’habitants) en présence dans la région ?

2. Quelles critiques pourrait-on formuler à l’égard de cette carte concernant les populations ?

SolutionRéponses

1. Quatre grands groupes humains se trouvent au Moyen-Orient :

► Les Arabes représentent le peuple majoritaire dans la région. Ils comptent environ 200 millions d’individus au Proche et Moyen-Orient. A noter qu’on parle arabe bien au-delà de cette région, notamment dans le Maghreb. C’est la langue officielle de près d’une trentaine de pays.

► Les Perses sont près de 65 millions. On les trouve essentiellement en Iran. Leur langue est le persan, langue parlée également en Afghanistan.

► Les Turcs, installés sur le plateau anatolien sont 60 millions environ. Si l’on parle turc surtout en Turquie (mais aussi à Chypre), la diaspora turque (5 à 6 millions d’individus) a exporté cette langue partout dans le monde.

► Les Kurdes sont environ 30 millions. Leur langue, le kurde, est marquée par des variations régionales importantes. Les Kurdes constituent ainsi une forte minorité, souvent persécutée dans les pays où ils se trouvent (Iran, Irak, Syrie, Turquie). Depuis un siècle, ils luttent pour obtenir un état indépendant.

Hormis les Kurdes, ces peuples ont, au cours des siècles, successivement imposé leur domination sur la région. C’est un élément important de compréhension pour la région : il existe du coup des visions antagonistes de l’histoire, où chacun met en avant sa gloire passée.

À cette énumération, on peut ajouter le cas particulier des Israéliens qui vivent dans les limites de l’état israélien. Ils étaient 8.5 millions en 2016. A noter que la population israélienne est cosmopolite. Tous les habitants vivant en Israël ne sont pas nécessairement de confession juive.

2. La carte présente seulement les populations majoritaires au sein des pays (hormis pour les Kurdes). Or, à l’échelle des États, les populations coexistent également. Par exemple, il existe des Turcs ailleurs qu’en Turquie : Irak, Iran, Syrie. De plus, la carte ne présente qu’une minorité (certes la plus importante). Or la région (à l’image du Liban, évoqué dans le document 15) est traversée par des minorités culturelles ou religieuses.

Le foyer de trois grandes religions monothéistes

Document 5 La diversité religieuse au Moyen-Orient

Expression écriteQuestion

1. Quelles sont les trois grandes religions monothéistes présentes dans la région ?

SolutionRéponse

Les trois principales religions monothéistes sont présentes dans la région ce qui accentuent son caractère stratégique :

► Les juifs (5,5 millions) ont été très présents dans cette région jusqu’à l’empire romain. A partir de ce moment, ils ont vécu en diaspora mais sans jamais disparaître de la région. Le mouvement sioniste, créé en 1896, prône un retour des juifs en Palestine. Ce mouvement a alimenté un courant migratoire de Juifs en terre palestinienne au début du XXème siècle, qui s’est renforcé du fait des persécutions puis du génocide des juifs en Europe pendant la Seconde Guerre mondiale. Cela a abouti à la création d’un État juif en 1948 : Israël. Les juifs, autrefois dispersés dans tout le Moyen-Orient, sont surtout installés au sein des frontières d’Israël (pays de 8 millions d’habitants dont les trois-quarts seraient de confession juive).

► Les chrétiens (plus de 10 millions) sont dispersés en une dizaine de communautés, dont les unes reconnaissent l’autorité du pape (maronites du Liban) et les autres forment des Églises autonomes de rite orthodoxe (coptes d’Égypte). Très minoritaires (3 à 6 % de la population), ils peuvent être persécutés dans certains pays.

► Les musulmans sont, de loin, les plus nombreux dans la région. Mais ils sont divisés entre deux grands courants : le chiisme et le sunnisme. Ces deux courants se fondent sur deux interprétations différentes de la succession du prophète Mohammed (voir activité suivante).

Document 6 La distinction entre chiites et sunnites

« La scission de ces deux courants de l’islam remonte à la mort du prophète Mahomet1, en 632. Se pose alors la question du successeur le plus légitime pour diriger la communauté des croyants :

- les futurs chiites désignent Ali, gendre et fils spirituel de Mahomet, au nom des liens du sang ;

- les futurs sunnites désignent Abou Bakr, un homme ordinaire, compagnon de toujours de Mahomet, au nom du retour aux traditions tribales.

Une majorité de musulmans soutiennent Abou Bakr, qui devient le premier calife. Depuis, les sunnites ont toujours été majoritaires. Ils représentent aujourd’hui environ 85 % des musulmans du monde. Les seuls pays à majorité chiite sont l’Iran, l’Irak, l’Azerbaïdjan et Bahreïn, mais d’importantes minorités existent au Pakistan, en Inde, au Yémen, en Afghanistan, en Arabie saoudite et au Liban.

Les sunnites considèrent le Coran comme une œuvre divine : l’imam est un pasteur nommé par d’autres hommes, faisant office de guide entre le croyant et Allah pour la prière ; dans certaines situations, il peut s’autoproclamer.

Les chiites considèrent l’imam, descendant de la famille de Mahomet, comme un guide indispensable de la communauté, tirant directement son autorité de Dieu. C’est pourquoi leur clergé est très structuré.»

Source : Maximo Vaudano, « Quelles sont les différences entre sunnites et chiites ? »,
Le Monde, 20 juin 2014.

Expression écriteQuestion

À partir des informations de l’article du Monde, recopiez puis remplissez ce tableau

Sunnisme

Chiisme

Succession de Mohammed

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Importance numérique

Zones d’implantation

Caractéristiques du clergé

SolutionRéponse

Sunnisme

Chiisme

Succession de Mohammed

Ce courant considère que la succession du Prophète se trouvait dans son entourage intellectuel et non dans sa famille. Il se réfère au Coran complété par la Sunna (la « tradition », c’est-à-dire l’ensemble des paroles et des actions du Prophète Mohammed).

Les chiites considèrent comme illégitimes les successeurs du Calife Ali, gendre de Mahomet.

Ils considèrent que les successeurs doivent venir de la famille du prophète donc à son gendre Ali et à ses descendants.

Importance numérique

Le sunnisme est un courant majoritaire de l’islam (85 à 90 % de la région selon les estimations).

Le chiisme est un courant minoritaire de l’islam (10 % environ)

Zones d’implantation

Turquie, Syrie, dans la péninsule arabique, en Jordanie ou encore en Égypte.

Ils sont minoritaires dans la région, mais majoritaires en Iran, en Irak et dans le sud du Liban.

Caractéristiques du clergé

Chaque pratiquant peut devenir imam par choix d’autres croyants ou par auto-proclamation dans certains cas.

A la différence des sunnites, les chiites ont un clergé hiérarchisé.

Par ailleurs, il existe des minorités musulmanes en dehors de ces deux grands courants. C’est le cas des druzes (une branche du chiisme) ou des alaouites (chiisme aussi), au pouvoir en Syrie avec Bachar El-Assad.

L’actualité récente a jeté la lumière sur les yézidis, communauté kurdophone, présente depuis longtemps surtout en Irak, mais aussi en Turquie ou en Syrie. La communauté compte un demi-million d’individus. Les yézidis croient en un Dieu unique et accordent une place importance à la distinction entre le bien et le mal. Ces croyances les éloignent de l’islam dont ils ont pourtant empruntés certains rites. Les yézidis ont connu beaucoup de persécutions et leur situation s’est aggravée depuis 2014 car ils sont devenus une cible de l’État islamique.

L’Irak est un bon exemple pour montrer l’enchevêtrement des populations et des religions sur place. En effet, les cultures et les religions se superposent :

► Au nord, les Kurdes sunnites sont majoritaires

► À l’est, sur la frontière iranienne (pour rappel, l’Iran est un pays majoritairement chiite), les Arabes chiites sont majoritaires.

► À l’ouest, on trouve surtout des Arabes sunnites.

Cette mosaïque de peuples et de religions permet de mieux comprendre les conflits d’hier et d’aujourd’hui dans le pays.

Trois lieux saints au cœur des tensions

La présence de trois grands lieux saints qui attirent des pèlerins du monde entier (et d’autres moins importants) renforce le caractère mondial des tensions se déroulant dans la région.

La ville de Jérusalem reflète à elle seule les tensions qui parcourent la région :

► Dans le judaïsme, Jérusalem a un rôle central. C’est la capitale des royaumes de David et de Salomon, constructeur du temple. Dans la ville, « le mur des lamentations » est un lieu très important pour les juifs qui viennent y faire un pèlerinage et prier.

► Pour les chrétiens, Jérusalem est un lieu majeur car la ville a accueilli beaucoup d’épisodes de la vie de Jésus, notamment sa mort et sa résurrection. On y trouve son tombeau, appelé Saint-Sépulcre par les croyants. Les croisades engagées à partir de la fin du XIème siècle montrent d’ailleurs la considération apportée par les chrétiens à cette ville.

► Les musulmans ont également un lien particulier avec la ville. Certes Mohammed est né et a grandi dans ce qui est aujourd’hui l’Arabie Saoudite, mais selon le Coran, c’est à Jérusalem que s’est déroulé le voyage nocturne de Mohammed, qui se serait élevé dans les cieux pour y entendre la parole divine. En outre, la ville conquise par les musulmans en 638, abrite une très grande mosquée datant du VIIème siècle, la mosquée Al-Aqsa sur le mont du Temple.

Document 7 Jérusalem, la ville trois fois sainte

La deuxième ville sainte de la région est La Mecque, située en Arabie Saoudite. La ville est sacrée car c’est le lieu de naissance du prophète de l’islam Mohammed à la fin du VIème siècle. Elle abrite un cube, la Kaaba, au cœur de la mosquée Masjid Al-Haram.

Depuis le VIIème siècle, la ville est le lieu du pèlerinage de La Mecque (hadj) pour les sunnites et les chiites venus du monde entier. Faire le hadj à la Mecque est l’une des cinq obligations des musulmans. En 2016, le pèlerinage annuel a attiré près de deux millions de pèlerins.

Ce pèlerinage est parfois l’occasion de raviver les tensions. Ainsi, en 2015, 2 300 personnes sont mortes lors d’une immense bousculade avec, parmi les victimes, près de 500 Iraniens chiites (dont l’ambassadeur de Téhéran au Liban). Cet événement a entretenu les tensions déjà très vives entre l’Arabie Saoudite et l’Iran.

La troisième ville sainte du Moyen-Orient est Médine en Arabie Saoudite. Mohammed, en 622 à l’hégire, s’installe à Médine après qu’il a, selon le Coran, reçu l’ordre de Dieu de quitter La Mecque. Les deux villes sont distantes de plus de 430 kilomètres l’une de l’autre. Le prophète de l’Islam y a trouvé la mort et y a été enterré en 632. La ville abrite son tombeau dans la mosquée dite du Prophète, ainsi que ceux des premiers califes. Bien que Médine ne soit pas une étape obligatoire du hadj, de nombreux pèlerins musulmans viennent visiter la ville sur la route de La Mecque.

La région est traversée par une grande diversité culturelle et religieuse, en étant notamment le berceau des trois monothéismes. Ces trois monothéismes se sont diffusés bien au-delà des limites de la région. On comprend mieux que les conflits qui peuvent opposer ces différents groupes culturels et religieux aient une telle résonnance au niveau mondial. Cette résonnance est d’autant plus forte que la région compte des lieux saints très importants qui se trouvent au cœur des tensions.

Méthodologie

Si le jour du baccalauréat, vous êtes amené(e) à rédiger une composition sur le Moyen-Orient comme foyer de conflit, vous pouvez illustrer votre propos avec ce type de schéma :

3. Population et ressources

La région est également stratégique par son importance démographique et par les ressources qui s’y trouvent (surtout le pétrole, mais aussi le gaz et la question de l’eau).

Les tensions liées à la gestion des ressources en eau

Les enjeux autour de cette ressource doivent être reliés :

► aux conditions climatiques (climat méditerranéen aride voire climat désertique) ;

► à la rareté de la ressource ;

► aux prélèvements grandissants qui s’expliquent par la croissance démographique et le développement économique.

Le contrôle des fleuves crée des tensions, surtout pour les pays qui reçoivent l’eau du fleuve en aval. Il y a des tensions entre plusieurs pays au sujet de la gestion des fleuves : c’est le cas par exemple du Jourdain ou du Nil :

► Le Jourdain, qui prend sa source au Liban, sépare l’Etat hébreu de la Jordanie. Il borde deux territoires litigieux : le Golan et la Cisjordanie occupés par Israël depuis la guerre de 1967. La problématique du contrôle de l’eau dans la région s’inscrit donc au cœur du conflit israélo-arabe et israélo-palestinien – même si la question de l’eau demeure toutefois un enjeu secondaire de ce conflit.

► L’adage dit que « l’Égypte est un don du Nil », ce n’est pas faux : 90 % de la consommation d’eau en Égypte vient du Nil. C’est pourquoi l’annonce de la construction d’un immense barrage par l’Éthiopie en 2011 a suscité une vive inquiétude au Caire. La question est en voie d’apaisement après qu’un accord sur la question a été annoncé en 2015.

Un lieu majeur de production du pétrole

Le premier gisement de pétrole au Moyen-Orient a été identifié en 1908 (en Perse). Depuis la région est devenue le principal fournisseur de la planète de cette ressource essentielle au fonctionnement de l’économie mondiale.

Document 8 Les pays producteurs de pétrole en 2016

Pays

Rang mondial

Production de baril par jour en moyenne en 2016

Arabie Saoudite

1er

10,6 millions

Russie

2e

10,2 millions

États-Unis

3e

8,8 millions

Irak

4e

4,4 millions

Chine

5e

3,9 millions

Iran

6e

3,9 millions

Emirats arabes unis

7e

3,1 millions

Koweït

8e

3 millions

Qatar

25e

0,6 million

Egypte

26e

0,6 million

Brunei

39e

0,1 million

Expression écriteQuestion

Quels sont les principaux producteurs de pétrole dans le monde ?

SolutionRéponse

Le principal pays producteur de pétrole dans le Moyen-Orient est l’Arabie Saoudite qui a produit en 2016 environ 10 millions de barils par jour. Le pays, très grand en superficie, représente à lui seul 13 % de la production mondiale de pétrole. Les autres grands producteurs sont la Russie (13 % aussi), les États-Unis (12 %) et dans une moindre mesure la Chine (5 %). Ce sont donc des pays hors du Proche et Moyen-Orient. L’Irak, l’Iran, les Emirats Arabes Unis et le Koweït qui produisent entre 3 et 4 millions de barils par jour représentent chacun près de 4 % de la production mondiale. Ce sont également des producteurs de gaz.

Le Moyen-Orient assure 30 % de la production mondiale de pétrole et détient les 2/3 des réserves mondiales. En outre, la région abrite 40 % des réserves de gaz connues. C’est dire que le Moyen-Orient est une zone majeure de production couvrant une part essentielle des besoins énergétiques mondiaux. En outre, les coûts de production sont très bas. Depuis 1908 et la découverte d’un gisement de pétrole au Moyen-Orient, les compagnies pétrolières occidentales organisées en cartel ont tenté de contrôler l’exploitation du pétrole. Progressivement, les pays exportateurs ont tenté de reprendre le contrôle direct de la ressource. En 1960, les pays exportateurs de pétrole se réunissent dans une organisation pour leur permettre de peser sur le marché pétrolier : c’est la naissance de l’OPEP (organisation des pays exportateurs de pétrole). Si l’idée est née au Venezuela, lui aussi producteur de pétrole, les pays du Moyen-Orient sont majoritaires à l’OPEP. En 1973, les pays de l’OPEP décident d’augmenter le prix du baril qui passe en un an de 3 à 12 dollars. Cette décision s’explique par de nombreux facteurs dont le principal est le soutien des États-Unis à Israël face à l’Égypte et à la Syrie pendant la guerre du Kippour. C’est le premier choc pétrolier. La révolution iranienne en 1979 occasionne un deuxième choc pétrolier : le baril passe à 35 dollars (il culmine même à 40 dollars en 1980). Ces deux crises pétrolières ont eu des effets très importants sur les économies des pays industrialisés basées en grande partie sur le pétrole.

À l’échelle régionale, cette ressource provoque des tensions qui ont pu dégénérer en conflit. Ainsi, en 1990, Saddam Hussein, le dirigeant irakien, a envahi le Koweït dans le but de l’annexer afin notamment de s’approprier ses ressources. L’intervention des États-Unis en 2003 en Irak, réalisée sans l’aval de l’ONU et qui a déstabilisé la région, visait en partie à sécuriser l’accès aux ressources pétrolières irakiennes.

L’existence de telles ressources conduit le plus souvent à la mise en place d’une économie de rente qui empêche de se diversifier économiquement et qui rend l’économie dépendante du cours du pétrole. Certains pays ont toutefois diversifié leur économie en investissant les revenus du pétrole : les Émirats Arabes Unis ont installé un réseau d’infrastructures modernes dont Dubaï est le symbole ; le fonds d’investissement du Qatar investit dans l’immobilier, le sport ou les télécommunications. En mai 2016, l’Arabie Saoudite a elle aussi annoncé un plan – intitulé vision 2030 – pour diversifier son économie.

Les réserves de pétrole ne sont pas illimitées car il s’agit d’une ressource non renouvelable. En un siècle, la moitié des réserves connues a été consommée. En outre, les conséquences environnementales de l’utilisation massive de pétrole amènent les sociétés à se tourner vers des énergies renouvelables et considérées comme plus écologiques.

Ainsi l’importance des ressources énergétiques est une des clés essentielles (bien qu’elle ne soit pas la seule) pour comprendre les équilibres géopolitiques de la région.

Pour aller plus loin…

InternetHistoire des arts

Hergé, Tintin au pays de l’or noir, 1950

L’album de Tintin au pays de l’or noir (prépublié en 1939 et publié en couleur en 1950) témoigne de l’importance pour le monde du pétrole dans la région.

L’album s’ouvre sur un mystère : alors que la guerre semble menacer l’Europe, les moteurs à explosion explosent en Occident ! Tintin part faire son enquête au Moyen-Orient dans l’émirat fictif du Khemed. Le régime de l’émir fournisseur de pétrole est en proie à une dissidence du cheik Bel El Ehr. Les deux sont soutenus par des compagnies pétrolières occidentales différentes. Tintin découvre la raison des explosions : un produit chimique versé par les services secrets (qu’on peut penser allemand du fait du patronyme du Dr. Müller) pour saboter l’essence et paralyser les ennemis en cas de guerre en Europe. Tintin envoie le produit chimique au professeur Tournesol qui trouve un antidote au pétrole saboté.

Cet album est intéressant parce qu’il permet de voir le regard porté à l’époque par un contemporain, Hergé, sur cette région. On peut retenir trois éléments :

► Une région instable marquée par les luttes de pouvoir entre l’émir du Khemed et un cheik dissident dans une pétromonarchie imaginaire peu démocratique (police secrète, arrestations arbitraires, peine de mort).

► L’enjeu du pétrole dans la région : en effet, l’intervention de Tintin est déclenchée par les effets du pétrole trafiqué (moteurs qui explosent dans un contexte de risque de guerre)

► La double ingérence occidentale des États (avec des services secrets qui soutiennent des dissidents ou le régime légitime, livrent des armes…) et des compagnies pétrolières occidentales (qui soutiennent chacune l’un des partis politiques).

L’importance du facteur démographique

Activité

Expression écriteQuestion

En vous aidant de recherches internet, dites quels sont les pays les plus peuplés du Proche et du Moyen Orient. Pour réaliser ce travail, vous pouvez, par exemple, taper les mots clés « tous les pays en graphique INED ». Vous pourrez ainsi opérer une recherche pays par pays.

SolutionRéponse

Les États du Proche et du Moyen-Orient ont un poids démographique très inégal. Trois pays se distinguent comme puissances démographiques : en 2017, la Turquie et l’Iran comptent près de 80 millions d’habitants et l’Égypte plus de 90 millions (contre 80 en 2009). Les monarchies pétrolières du Golfe ont des populations beaucoup moins importantes.

Ce déséquilibre démographique est important car un des facteurs de puissance régionale est l’importance numérique de la population. Quoi qu’il en soit, tous ces pays connaissent une forte croissance démographique. Cette forte pression pose la question du développement économique et social (redistribution des revenus du pétrole) et celle des ressources, notamment en eau.

La position stratégique, l’enchevêtrement des peuples et des religions, les pressions sur les ressources d’une population en forte croissante : tout cela contribue à faire du Proche et du Moyen-Orient une zone de tensions qui attire l’attention des grandes puissances.

B Un espace largement influencé par les grandes puissances mondiales

L’histoire du Proche et Moyen-Orient depuis la fin de la Première Guerre mondiale est largement marquée par l’influence des grandes puissances, d’abord européennes, puis russe et américaine, qui se ressent encore de nos jours. Une grande partie des conflits actuels de la région trouvent leur origine dans cet héritage.

1. Un territoire sous influence européenne jusqu’en 1945

L’officialisation de l’influence européenne

Avant la Première Guerre mondiale, l’Empire ottoman est la principale puissance politique au Moyen-Orient. Cet Empire avait réussi l’unification sous un même pouvoir politique de la mosaïque de peuples vivant dans la région – à l’exception de la Perse. Mais avant même son éclatement après la Grande guerre, son autorité avait reculé (pertes territoriales, influence britannique croissante...).

Les puissances européennes sont intéressées par la région, surtout la Grande-Bretagne et la France. Pour Londres, la région permet un contrôle de la route des Indes (d’où son intérêt à participer à l’administration du canal de Suez) et offre une possibilité d’agrandir l’empire. Paris aussi cherche à prolonger son empire. La région lui apparaît comme le prolongement naturel de ses possessions au Maghreb. D’autre part, la France veut la tutelle de la Syrie au nom de la protection des chrétiens d’Orient.

Document 9 Les accords Sykes-Picot de mai 1916

Source : National Archives du Royaume-Uni

La carte est l’original de l’accord entre le diplomate britannique Mark Sykes et le diplomate français François-Georges Picot. La zone crayonnée en bleu est la zone d’administration directe de la France ; la zone A, celle de l’influence française ; la zone rose, d’administration de la Grande-Bretagne et la zone B, celle de l’influence britannique. Les diplomates prévoyaient une administration internationale pour la zone brune allant de Saint-Jean d’Acre à Haïfa et à Jérusalem.

Document 10 La justification des interventions françaises et britanniques (novembre 1918)

« Le but qu’envisagent la France et la Grande-Bretagne en poursuivant en Orient la guerre déchaînée par l’ambition allemande, c’est l’affranchissement complet et définitif des peuples très longtemps opprimés par les Turcs et l’établissement de gouvernements et d’administrations nationaux, puisant leur autorité dans l’initiative et le libre choix des populations indigènes.

[…] Loin de vouloir imposer aux populations de ces régions telles ou telles institutions, elles n’ont d’autres soucis que d’assurer par des gouvernements et administrations qu’elles se seront librement données, une justice impartiale et égale pour tous, de faciliter le développement économique du pays en suscitant et, en encourageant des initiatives locales, de favoriser la diffusion de l’instruction. »

Source : déclaration franco-britannique, 7 novembre 1918.

Document 11 Les aires d’influences européennes au Moyen-Orient

Expression écriteQuestions

1. Que sont les accords Sykes-Picot ?

2. Quand ont-ils été signés et par qui ? Quelles remarques pouvez-vous faire ?

3. Comment les Français et les Britanniques justifient-ils leur intervention dans la région ?

SolutionRéponses

1. Les accords Sykes-Picot sont des accords signés entre la France et la Grande-Bretagne, les deux grandes puissances coloniales de l’époque. Ils prévoient le démantèlement de l’Empire ottoman en découpant le Proche et Moyen-Orient en zones d’administration directe et en zones d’influence.

2. Ces accords sont signés en mai 1916, alors que la Première Guerre mondiale continue de ravager l’Europe. L’Empire ottoman n’est donc pas encore défait. Les Français et les Britanniques ont donc anticipé leur victoire. La France et la Grande-Bretagne cherchent donc à profiter de l’affaiblissement des Ottomans dans la région pour se la partager. Pour se gagner les populations sur place, ils n’hésitent pas à faire des promesses contradictoires. Ainsi, la Grande-Bretagne mise sur le nationalisme arabe promettant la création d’un grand état arabe. Mais les Anglais promettent la même chose aux juifs sionistes qui cherchent à créer un État juif en Palestine.

3. Français et Britanniques mènent au Proche et Moyen-Orient la guerre contre l’ennemi ottoman, allié de l’Allemagne. Ils justifient cette intervention par trois raisons. D’une part, la déclaration franco-britannique fait état d’une poursuite en Orient de « la guerre déchaînée par l’ambition allemande ». L’intervention franco-britannique dans la région doit donc s’entendre comme le prolongement au Proche et Moyen-Orient de l’affrontement entre les puissances de l’Entente contre les Empires centraux. D’autre part, les Français et les Britanniques affirment vouloir libérer les populations sous oppression ottomane (« opprimés par les Turcs »). Enfin, ils expliquent que leur intervention a pour but, non pas d’imposer une administration directe de type colonial, mais d’amener les futurs États à l’indépendance, en se dotant d’institutions librement choisies. La déclaration insiste sur les bienfaits de l’aide franco-britannique visant à favoriser le développement économique et l’instruction sur place.

À la sortie de la guerre, il y a donc deux logiques contradictoires à l’œuvre : d’un côté, le partage du Proche et Moyen-Orient entre puissances européennes ; d’un autre, la reconnaissance des peuples à disposer d’eux-mêmes et les promesses faites par les Français et les Britanniques à ces peuples. S’ajoutent les engagements britanniques auprès des Arabes et ceux pris envers le peuple juif.

L’influence franco-britannique après la guerre

Le système des mandats institués par la Société des Nations permet aux yeux de Paris et Londres, de résoudre – du moins en apparence – cette contradiction.

Document 12 Une région qui passe sous mandat de la SDN

« Certaines communautés qui appartenaient autrefois à l’Empire ottoman, ont atteint un degré de développement tel que leur existence comme nations indépendantes peut être reconnue provisoirement, à la condition que les conseils et l’aide d’un mandataire guident leur administration jusqu’au moment où elles seront capables de se conduire seules. Les vœux de ces communautés doivent être pris d’abord en considération pour le choix du mandataire. »

Source : Article 22-3 du pacte de la SDN (1919).

Expression écriteQuestion

Pourquoi après la guerre, la SDN confie-t-elle la région aux Britanniques et aux Français sous forme de mandat ?

SolutionRéponse

L’article 22 du pacte de la SDN institue un système de mandat sur les territoires contrôlés par l’Allemagne et l’Empire ottoman avant la guerre. Toutes deux défaites, ces puissances perdaient certains territoires, d’où la nécessité de leur trouver un nouveau statut. La formule choisie par la France et la Grande-Bretagne au travers de la SDN (dont ils sont, avec les États-Unis, les principaux acteurs en tant que vainqueurs de la Grande guerre) est celle du mandat. Mais ce statut est ambigu. Les puissances mandataires ont donc, selon l’article 22 de la SDN, pour mission d’apporter « les conseils et l’aide » afin de rendre les futures nations capables de « se conduire seules ». Toute l’ambiguïté se trouve dans cette formule. Quelle doit être la nature de ses conseils ? Doivent-ils être impératifs au risque de devenir des ordres ? Ou doivent-ils revêtir la forme de recommandation au risque de ne pas être suivis ?

Une autre question reste en suspens : quelle puissance mandataire intervient sur tel ou tel territoires ? Les négociations aboutissent en 1920 à un redécoupage de la région. La France se voit attribuer l’exercice d’un mandat sur la Syrie. Aussitôt, elle sépare le Liban de la Syrie pour en faire un pays afin de protéger les minorités chrétiennes dans la région. La Grande-Bretagne, elle, obtient des mandats en Palestine, en Transjordanie et en Irak. Les Anglais continuent d’exercer leur influence sur l’Égypte et les émirats du Golfe. En revanche, le grand État arabe promis par les Britanniques pendant la guerre n’a pas vu le jour pas plus que l’État juif lui aussi promis par les Britanniques. En revanche, la Russie qui est pourtant est un acteur important dans la région, ne reçoit pas de mandats : en pleine révolution bolchevique, le pays ne peut assumer son rôle de puissance au Proche et Moyen-Orient.

La formule des mandats était donc nouvelle et toute la question était de savoir comment les puissances mandataires exerceraient leur tutelle. Dans les faits, l’administration des mandats se rapproche de celle des colonies des grandes puissances européennes. Les États mandataires n’hésitent pas à réprimer des révoltes contestant leur autorité. Ainsi, en Syrie en 1925-1927, la France réprime une révolte menée par la communauté druze, et va jusqu’à à bombarder Damas. En Palestine, les Britanniques répriment par la force la grande révolte des populations arabes qui se soulèvent contre l’immigration juive, entre 1936 et 1939.

En même temps, certains territoires de la région acquièrent leur indépendance dans l’entre-deux-guerres, même si les troupes britanniques y demeurent parfois stationnées dans des bases militaires : l’Égypte en 1922, l’Irak et l’Arabie saoudite en 1932. La Seconde Guerre mondiale accélère la marche vers l’indépendance de ces États et la fin du système des mandats. Ainsi, la Syrie devient indépendante en 1946 après près de trente ans de présence des troupes françaises.

2. Le Proche et Moyen-Orient dans la guerre froide

La fin de la Seconde Guerre mondiale et la naissance de la guerre froide voit les puissances européennes se retirer de la région au profit des deux grandes superpuissances : les États-Unis et l’URSS. Cependant, il convient de noter deux éléments importants. D’une part, si le Proche et Moyen-Orient n’échappent pas à la logique de bipolarisation, ce n’est pas la seule région à en subir les effets. D’autre part, les équilibres géopolitiques fragiles et mouvants de la région ne s’expliquent pas par le seul affrontement de la guerre froide. Autrement dit, les crises de la guerre froide et les conflits au Proche et Moyen-Orient sont liés, mais ils peuvent aussi être indépendants les uns des autres.

Document 13 La guerre froide au Moyen-Orient (1950-1990)

La guerre froide se greffe sur les tensions régionales

En 1945, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, la Russie soviétique limitrophe suscite des craintes chez les États du Moyen-Orient. Ses visées sur l’Iran menacent l’unité nationale car les Soviétiques revendiquent des territoires du nord-ouest du pays au prétexte que s’y trouve une minorité d’Azéris (présents en majorité dans la République soviétique d’Azerbaïdjan). Pourtant, au fil des années, l’URSS va s’imposer comme le protecteur des États arabes face aux ingérences des États-Unis. Inversement, l’influence des États-Unis dans la région vise trois objectifs :

► sécuriser les approvisionnements en pétrole ;

► contenir l’expansion soviétique ;

► soutenir l’État d’Israël créé en 1948 (cela sera évoqué plus tard dans le cours)

La plupart des États arabes sont de plus en plus tentés de se tourner vers l’URSS. L’arrivée au pouvoir du président Eisenhower en 1953 amène un durcissement de la politique américaine au Moyen-Orient. La guerre froide se greffe alors sur les tensions régionales, redessinant les équilibres de la région.

La crise de Suez : une crise révélatrice des nouveaux équilibres dans la région

Alors que les ingérences américaines se font plus vives dans la région, l’Égypte bascule dans le camp soviétique en 1955. En effet, le roi Farouk a été renversé, en 1952, par des officiers égyptiens à la suite de la défaite contre Israël. Ces derniers portent l’un des leurs au pouvoir, Gamal Abdel Nasser, en 1954. Cet homme d’État exceptionnel joue un rôle très important dans la configuration des équilibres de la région. En 1955, Nasser ne parvenant pas à obtenir des armes occidentales se tourne vers le bloc de l’Est pour se fournir. Il tente de galvaniser les nations arabes pour les ranger derrière l’URSS. Au même moment, l’Irak, la Turquie (également membre de l’OTAN) puis l’Iran et le Pakistan se placent du côté américain en signant le pacte de Bagdad (1955), une alliance défensive contre les Soviétiques.

L’équilibre fragile de la guerre froide se met en place alors que survient la crise de Suez. En 1956, Nasser nationalise la Compagnie franco-britannique du Canal de Suez. La France et la Grande-Bretagne, soutenues par Israël qui y voit l’occasion d’affaiblir son voisin, se lancent dans une opération militaire de représailles.

Mais les deux Grands somment les Européens de retirer leurs troupes. L’URSS entend soigner son image de protectrice des intérêts arabes contre les ingérences occidentales. Les États-Unis cherchent à ménager les amitiés arabes déjà nouées dans la région. La France et la Grande-Bretagne retirent leurs troupes.

C’est une victoire prestigieuse pour Nasser qui s’impose comme le leader charismatique du monde arabe qu’il cherche alors à unifier. Enfin, la crise de Suez amène une redéfinition plus nette des équilibres dans la région dans le contexte de guerre froide. L’Égypte bascule davantage dans le camp communiste. C’est aussi le cas de l’Irak ou de la Syrie qui se rapprochent eux aussi des Soviétiques à partir de 1958. De leur côté, les États-Unis cherchent de nouveaux alliés : ils misent sur l’Arabie Saoudite comme puissance régionale en vue d’isoler l’Égypte mais aussi sur Israël, ennemi déclaré de son voisin égyptien. C’est un tournant car jusque-là l’URSS soutenait Israël. Les guerres israélo-arabes qui suivront s’inscriront alors nettement dans une logique de guerre froide.

Cette crise est révélatrice des nouveaux équilibres de la région pour plusieurs raisons :

► La crise de Suez montre la fin de la domination occidentale franco-britannique et le retrait de ces puissances dans la région.

► La crise de Suez met en lumière l’importance prise par les deux Grands dans les équilibres géopolitiques du Proche et Moyen-Orient. L’un et l’autre entendent soigner leurs amitiés dans la région. La crise de Suez marque également un tournant car elle dessine plus nettement des camps opposés. D’un côté, l’Égypte derrière l’URSS (et une partie du monde arabe comme l’Irak ou la Syrie à partir de 1958). D’un autre côté : les États-Unis misent davantage sur l’Arabie Saoudite comme puissance régionale pour isoler l’Égypte (un choix qui perdure de nos jours) mais aussi sur le jeune État hébreu.

► La crise de Suez met également en évidence les logiques propres aux conflits de la région, notamment l’importance du conflit israélo-arabe – même si la guerre froide va vite se greffer sur ces tensions locales.

► La crise de Suez permet à Nasser de s’imposer comme un leader charismatique du monde arabe qu’il va alors chercher à unifier.

La crise de Suez montre à quel point les équilibres qui traversent cette région sous tensions sont fragiles.

De la crise de Suez à la doctrine Eisenhower

La crise de Suez marque les États-Unis qui vont formuler une nouvelle doctrine pour la région. Elle porte le nom du président américain de l’époque : c’est la doctrine Eisenhower mise en place en 1957.

Document 14 La doctrine Eisenhower au Moyen-Orient

« La raison de l’intérêt de la Russie pour le Moyen-Orient est uniquement celui d’une politique de puissance. Le canal de Suez permet aux nations d’Asie et d’Europe d’effectuer des transports commerciaux qui sont essentiels à l’équilibre et à la prospérité de ces pays. Le Moyen-Orient constitue une porte entre l’Europe, l’Asie et l’Afrique.

[Le Moyen-Orient] contient environ les deux tiers des gisements de pétrole actuellement connus dans le monde et il pourvoit normalement aux besoins de pétrole de nombreux pays d’Europe, d’Afrique et d’Asie […].

Tous ces faits mettent en relief l’immense importance du Moyen-Orient. Si les pays de cette région venaient à perdre leur indépendance, s’il leur arrivait de passer sous la domination de puissances étrangères hostiles à la liberté, cela constituerait une tragédie pour la région en question.

Il existe d’autres facteurs dont l’importance transcende celle des facteurs matériels. Le Moyen-Orient est le berceau des trois grandes religions mahométane2, chrétienne et judaïque3. La Mecque et Jérusalem sont autre chose que des lieux géographiques. Elles symbolisent des religions dont l’enseignement affirme la suprématie de l’esprit sur la matière. […] Il serait intolérable de voir les lieux saints du Moyen-Orient soumis à l’autorité d’une puissance qui glorifie le matérialisme athée (c’est-à-dire l’idéologie communiste) […].

L’action que je propose autoriserait le pouvoir exécutif à entreprendre dans cette région des programmes d’assistance militaire et de coopération avec tout pays ou groupe de pays désireux de bénéficier d’une telle aide. […]

Elle permettrait que cette assistance et cette coopération comprennent l’emploi des forces armées des États-Unis, pour assurer et protéger l’intégrité territoriale et l’indépendance politique des pays, qui demanderaient cette aide contre une agression armée dirigée contre eux par une nation dominée par le communisme international. »

Source : D. Eisenhower, discours au Congrès, 5 janvier 1957.

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Expression écriteQuestions

1. Présentez le document en insistant sur le contexte historique.

2. Quels sont les aspects stratégiques du Moyen-Orient selon le président américain ?

3. Qu’est-ce que la doctrine Eisenhower ?

SolutionRéponses

1. Ce document est un discours du président américain D. Eisenhower (élu depuis 1952, réélu en 1956) au Congrès (parlement à Washington) à qui il soumet une nouvelle politique étrangère des États-Unis à destination du Moyen-Orient. Le contexte dans lequel ce discours du 5 janvier 1957 a été prononcé est essentiel pour deux raisons :

► D’une part, cette année est marquée par la guerre froide qui voit s’affronter le monde libre emmené par les États-Unis et le monde communiste guidé par l’URSS. Le Moyen-Orient n’échappe pas à cet affrontement.

► D’autre part, ce discours intervient quelques semaines après la crise de Suez (novembre 1956) qui a montré l’importance géostratégique de la région et la précarité des équilibres qui la traversent.

2. Le président américain avance quatre raisons pour prouver l’importance stratégique du Moyen-Orient et donc justifier son action dans la région :

► Le président américain évoque tout d’abord l’importance géostratégique de la région pour la circulation et le transport. Ce n’est pas étonnant que le discours s’ouvre sur la liberté de circulation : la crise de Suez quelques mois plus tôt, a montré l’importance de ce facteur.

► Deuxièmement, le discours d’Eisenhower met en avant le rôle du pétrole. A l’époque – et c’est encore le cas – la région contient les deux tiers des réserves connues. Cette remarque du président américain rappelle à quel point la manne pétrolière attise les convoitises et est à l’origine des équilibres fragiles de la région.

► Troisièmement, D. Eisenhower présente la région comme le berceau des trois grandes religions monothéistes (sans distinguer toutefois les sunnites des chiites, division pourtant essentielle pour qui veut comprendre la région). Le discours d’Eisenhower est l’occasion pour le président de rappeler la division idéologique qui oppose le monde libre et le monde communiste en matière de liberté religieuse. D’autre part, les équilibres de la région sont également à comprendre à travers la présence de ces trois religions.

► Enfin, la proximité géographique et l’interventionnisme de l’URSS qui cherche de nouveaux alliés inquiètent les États-Unis. Ces derniers craignent que les pays de la région passent « sous la domination de puissances étrangères hostiles à la liberté », c’est-à-dire sous l’influence soviétique. Là encore, un rappel de la crise de Suez permet de mettre en perspective le discours du président américain : c’est fort des armes acquises dans le bloc de l’Est et du soutien des communistes que Nasser a osé nationaliser le canal de Suez.

3. Le discours de D. Eisenhower reprend la doctrine du président Truman de containment (c’est-à-dire la politique qui vise à limiter voire à refouler l’influence soviétique par des moyens militaires et économiques) formulée dix ans plus tôt et l’étend au Moyen-Orient. Concrètement, le président américain promet une coopération militaire et une assistance économique aux pays qui se sentiraient menacés par l’URSS.

La fin de la guerre froide dans la région

Les camps ne sont toutefois pas très stables. Ces évolutions ne sont pas directement imputables à la politique des deux Grands. Ce sont des dynamiques régionales qui bouleversent les équilibres, l’URSS et les États-Unis devant alors s’adapter. Prenons deux exemples :

► Le rapprochement entre l’Égypte et Israël en 1978 (développé plus loin) permet au Caire de se rapprocher des États-Unis et de quitter le giron soviétique pour obtenir le soutien américain.

► La révolution islamique de 1979 (là encore, développée plus longuement dans la suite du chapitre) redéfinit les équilibres dans la région. L’Iran se détache brutalement des États-Unis. Dans ces conditions, Washington n’hésite pas à soutenir l’Irak (pourtant proche de l’URSS) dans sa guerre contre l’Iran de 1980 à 1988.

Certains soutiens demeurent toutefois très stables pendant toutes ces années. Ainsi l’Arabie Saoudite, la Turquie (membre de l’OTAN) ou encore Israël peuvent compter sur le soutien américain et réciproquement.

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Activité de synthèse Le Moyen-Orient, enjeu de la guerre froide

À l’aide du cours et du document 13, remplissez le tableau de synthèse.

Années 1950

Années 1970

Égypte

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Turquie

Irak

Iran

Syrie

Israël

Arabie Saoudite

Aides pour remplir le tableau de synthèse

► Allié de l’URSS à la suite du refus des Occidentaux de fournir des armes contre Israël et après la crise de Suez.

► Allié de l’URSS après la révolution de 1958.

► Allié de l’URSS mais aussi des États-Unis dans le cadre de l’affrontement contre l’Iran.

► Allié des États-Unis : membre du pacte de Bagdad (1955)

► Allié des États-Unis : membre du pacte de Bagdad (1955) jusqu’en 1958 puis allié de l’URSS.

► Allié des États-Unis : membre du pacte de Bagdad et de l’OTAN

► Allié des États-Unis à partir de 1978 après le rapprochement avec Israël

► Allié des États-Unis dont le soutien est primordial

► Allié des États-Unis et toujours membre de l’OTAN

► Allié des États-Unis jusqu’en 1958.

► Allié des États-Unis surtout après la crise de Suez

► Ennemi des États-Unis et de l’URSS après la révolution islamique

► Soutenu par l’URSS jusqu’à la crise de Suez puis allié des États-Unis.

► Toujours allié des États-Unis

SolutionRéponse

Années 1950

Années 1970

Égypte

Allié de l’URSS à la suite du refus des occidentaux de fournir des armes contre Israël et après la crise de Suez.

Allié des États-Unis à partir de 1978 après le rapprochement avec Israël.

Turquie

Allié des États-Unis : membre du pacte de Bagdad et de l’OTAN

Allié des États-Unis et toujours membre de l’OTAN

Irak

Allié des États-Unis : membre du pacte de Bagdad (1955) jusqu’en 1958 puis allié de l’URSS.

Allié de l’URSS mais aussi des États-Unis dans le cadre de l’affrontement contre l’Iran.

Iran

Allié des États-Unis : membre du pacte de Bagdad (1955)

Ennemi des États-Unis et de l’URSS après la révolution islamique

Syrie

Allié des États-Unis jusqu’en 1958.

Allié de l’URSS après la révolution de 1958.

Israël

Soutenu par l’URSS jusqu’à la crise de Suez puis allié des États-Unis.

Allié des États-Unis dont le soutien est primordial

Arabie Saoudite

Allié des États-Unis surtout après la crise de Suez

Toujours allié des États-Unis

3. Depuis 1991 : l’hégémonie américaine ?

En 1991, avec la disparition de l’URSS, la guerre froide prend fin. Les États-Unis deviennent la seule puissance étrangère influente dans la région. Propulsés « gendarmes du monde », ils sont amenés à exercer leur influence de deux façons. D’une part, les États-Unis continuent à assurer un soutien indirect à certains États comme Israël ou l’Arabie Saoudite. Cette influence se manifeste aussi par la présence de nombreuses bases militaires. D’autre part, à partir de 1991, les États-Unis interviennent militairement dans la région – fait impensable au temps de la guerre froide :

► Lorsque Saddam Hussein annexe le Koweït au mépris du droit international à l’été 1990, les États-Unis forment une coalition dont ils prennent la tête pour refouler les troupes irakiennes hors du Koweït. Mais ils ne renversent pas le dictateur.

► En 2003, l’administration Bush utilise comme argument l’éventuelle détention d’armes de destruction massive par Saddam Hussein pour intervenir militairement afin de le renverser. Cette intervention critiquée (elle s’est faite sans l’accord de l’ONU) est en grande partie à l’origine du chaos irakien actuel et de la déstabilisation de la région.

► Depuis l’été 2014, les États-Unis participent à la coalition qui frappe l’État islamique en Irak et en Syrie.

Toutefois, la montée de l’islamisme, le rejet de l’hégémonie américaine, l’affirmation de la Russie de Poutine (notamment dans la crise syrienne), le multilatéralisme défendu par le président Obama expliquent un certain retrait de la puissance américaine. Il est encore trop tôt pour dresser un bilan de l’action de l’administration Trump, qui a pris ses fonctions en janvier 2017.

Le Proche et le Moyen-Orient a fait l’objet des convoitises des grandes puissances : européennes au temps de la colonisation ; américaine et soviétique au temps de la guerre froide ; essentiellement américaine à partir de 1991.

Il est difficile d’apprécier finement l’influence des grandes puissances dans la région de nos jours. Certes, les États-Unis bénéficient encore d’une très grande emprise (ne serait-ce que par ses liens avec l’Arabie Saoudite ou Israël). Mais la Russie se montre de plus en plus entreprenante, tandis que les Européens interviennent également davantage.

C Des conflictualités complexes

Ainsi, nous l’avons vu, la région a donc été directement sous influence des grandes puissances. Or, les conflits qui l’ont traversé et traversent encore sont en partie hérités de cette influence.

1. L’instabilité des frontières comme source de conflits

Un premier facteur de conflit dans la région est l’instabilité des frontières. En effet, les Britanniques et les Français ont tracé les frontières sans tenir compte des réalités humaines, économiques et historiques – pour répondre à des préoccupations stratégiques britanniques et françaises, sur fond de rivalités pétrolières.

Un découpage en frontières artificielles

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Expression écriteQuestions

1. Rappelez ce que sont les accords Sykes-Picot (document 9).

2. Que sont-ils devenus après la Première Guerre mondiale ?

3. En quoi les Occidentaux ont-ils pu développer l’instabilité des frontières de la région ?

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SolutionRéponses

1. Les accords Sykes-Picot sont des accords signés en 1916 entre la France et la Grande-Bretagne, deux grandes puissances de l’époque. Ils prévoient le démantèlement de l’Empire ottoman en découpant le Proche et Moyen-Orient en zones d’administration directe et en zones d’influence.

2. Ces accords signés pendant la Première Guerre mondiale (avant donc la défaite de l’Empire ottoman) serviront de base générale à l’influence exercée par ces deux puissances après la fin de la guerre. En effet, Français et Britanniques se voient confier des mandats par la SDN.

3. Ils vont découper les territoires sans tenir compte des réalités locales et en fonction de leurs intérêts sur place. Ainsi, les Français et Britanniques ont pu créer des entités nationales fragiles (Liban, Irak) ou au contraire séparer des peuples (Kurdes).

Des nations ont été créées artificiellement, ce qui a alimenté les tensions dans la région. Les frontières morcellent la région et sont souvent discutées voire niées – ce qui engendre des conflits. Ainsi, le Liban est une création française en 1920. Cette création pose deux problèmes. D’une part, le Liban englobe des peuples et des minorités qui ont du mal à coexister (musulmans chiites ou sunnites ; chrétiens maronites, coptes ou druzes) : 18 confessions sont actuellement reconnues par l’État libanais et représentées à l’Assemblée nationale.

Document 15 Les minorités au Liban

D’autre part, les Syriens ont longtemps considéré le Liban comme faisant partie de leur pays. Damas exerce une très forte pression sur le « pays du cèdre ». Ainsi, la présence de ces différentes populations et les relations avec la Syrie – ainsi que la présence de Palestiniens réfugiés au Liban - ont été les principaux ressorts de la guerre civile qui a dévasté le pays de 1975 à 1990.

Dans d’autres cas, des peuples qui auraient pu former une entité nationale ont été répartis entre plusieurs États. C’est le cas des Kurdes, une très grande minorité de la région (30 millions d’individus), qui réclament encore de nos jours un Kurdistan. Les Kurdes se trouvent éparpillés principalement dans quatre pays (nord-ouest de l’Iran, nord de l’Irak, est de la Syrie et, surtout, est de la Turquie) sur un espace d’une taille similaire à celle de la France. Depuis les années 1970, les revendications kurdes se font plus fortes, portées par différents groupes politiques et leurs branches armées. Le plus connu est le PKK, Parti des travailleurs du Kurdistan, créé en 1978 en Turquie où se trouvent principalement les Kurdes (15 à 20 millions d’individus, soit 20 % de la population turque). Cette organisation est engagée dans une lutte violente contre l’État turc qui a déjà fait plus de 45 000 victimes. En Syrie, les Kurdes luttent contre l’État islamique et se sont ainsi imposés comme des acteurs incontournables de la région et de la lutte contre Daech. En Irak, les Kurdes ont réussi à conforter l’autonomie dont ils bénéficiaient depuis 1991 grâce à la création en 2005 d’une province autonome nommée « Kurdistan ».

Les guerres entre États

Les conflits interétatiques sont nombreux dans la région. Ils reposent sur trois éléments (souvent couplés) :

► les litiges territoriaux ;

► les divisions religieuses, notamment entre chiites et sunnites ;

► la concurrence pour l’hégémonie régionale

La guerre Irak/Iran (1980-1988) illustre en partie la complexité des conflits interétatiques. En 1980, Saddam Hussein (sunnite à la tête d’un pays majoritairement chiite) attaque l’Iran chiite qui vient de faire sa révolution islamiste. Son but est triple :

► obtenir le déplacement de la frontière (litige frontalier)

► s’imposer comme la puissance régionale et pétrolière du Moyen-Orient.

► éviter une contagion de l’intégrisme chiite chez les chiites de son pays.

Le conflit s’enlise jusqu’en 1988. Les Occidentaux soutiennent l’Irak (alors progressiste et allié de l’URSS) contre l’Iran islamiste. La guerre fait un million de morts et se termine en 1988 par un retour aux frontières de 1980.

2. Des conflits emboités

Les conflits israélo-arabes et israélo-palestiniens

Évoquer les conflits au Proche et au Moyen-Orient conduit nécessairement à traiter les conflits autour de la création et de l’existence de l’État d’Israël. Ces conflits trouvent leur origine dans le développement de deux idéologies : le sionisme (qui vise à créer un État juif en Palestine) et le nationalisme arabe (qui vise à créer un État réunissant toutes les populations arabes du Proche et du Moyen-Orient). Pendant la Première Guerre mondiale, Les Britanniques vont s’appuyer sur ces deux logiques contradictoires : sur le nationalisme arabe pour obtenir l’aide des Arabes ; mais aussi sur les revendications sionistes qu’ils vont favoriser par la déclaration Balfour de 1917.

Document 16 La déclaration Balfour, 1917

« Cher Lord Rothschild,

J’ai le plaisir de vous adresser, au nom du gouvernement de Sa Majesté, la déclaration ci-dessous de sympathie à l’adresse des aspirations juives et sionistes, déclaration soumise au Parlement et approuvée par lui.

Le gouvernement de Sa Majesté envisage favorablement l’établissement en Palestine d’un foyer national pour le peuple juif, et emploiera tous ses efforts pour faciliter la réalisation de cet objectif, étant clairement entendu que rien ne sera fait qui puisse porter atteinte ni aux droits civils et religieux des collectivités non juives existant en Palestine, ni aux droits et au statut politique dont les juifs jouissent dans tout autre pays.

Je vous serais reconnaissant de bien vouloir porter cette déclaration à la connaissance de la Fédération sioniste.

Arthur James Balfour »

Expression écriteQuestions

1. Qu’est-ce que la déclaration Balfour ?

2. Quel impact a eu cette déclaration ?

SolutionRéponses

1. La déclaration Balfour est une lettre ouverte datée de novembre 1917 (en pleine guerre donc), signée par Arthur Balfour, ministre des Affaires étrangères britannique, adressée au baron Rothschild, figure du sionisme. Le premier s’exprime au nom du gouvernement et du parlement britanniques ; le second a charge de transmettre le message.

Ce message est une déclaration : la Grande-Bretagne se déclare favorable à l’établissement « d’un foyer national pour le peuple juif ». Cette remarque se double d’une promesse puisque Londres assure qu’il « emploiera tous ses efforts pour faciliter la réalisation de cet objectif ».

2. Cette déclaration favorise le projet sioniste, d’autant que la Grande-Bretagne est reconnue puissance mandataire de la Palestine dès la fin de la guerre.

Les quotas d’immigration aux États-Unis, la montée en puissance de l’antisémitisme et la violence des persécutions en Europe accélèrent l’immigration juive en Palestine. Face au mécontentement croissant des Arabes palestiniens (et aux révoltes comme celles de 1929), la Grande-Bretagne freine l’immigration juive.

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, l’ampleur du génocide juif renforce plus que jamais la revendication sioniste d’un État refuge pour les juifs du monde entier. Mais la Grande-Bretagne souhaite ménager les Arabes afin de maintenir sa présence dans la région et notamment sur le canal de Suez. Dans un climat de tension extrême, la Grande-Bretagne refuse de procéder à un règlement de cette question : elle remet son mandat aux Nations-Unies, récemment créées. En 1947, l’ONU propose un partage du territoire divisé en deux États : Israël et la Palestine. Les Palestiniens ainsi que les membres de la toute jeune Ligue arabe refusent.

Le 14 mai 1948, la Grande-Bretagne met officiellement fin à son mandat et Israël se proclame aussitôt État indépendant sur le territoire qui lui a été alloué au terme du plan de partage onusien. Dès la naissance de l’État hébreu dans les frontières allouées par l’ONU, ses voisins lui font la guerre – ouvrant ainsi le cycle de décennies de guerre entre pays arabes et Israël.

Document 17 Les conflits israélo-arabes et leurs répercussions régionales et mondiales

Conflits

Conséquences du conflit

Répercussions du conflit à l’échelle régionale et mondiale

La guerre originelle (1948-1949)

Conflit entre certains États arabes (Jordanie, Syrie, Égypte) refusant le plan de partage et le nouvel État d’Israël.

Victoire d’Israël

L’État hébreu contrôle désormais 77 % du territoire de la Palestine au lieu des 56 % prévus par le plan.

Disparition de l’État palestinien : annexion de la Cisjordanie par la Jordanie, administration égyptienne de la bande de Gaza.

Partage de Jérusalem entre Israël (à l’ouest) et la Jordanie (à l’est).

Départs de 800 000 Palestiniens dans les pays voisins (les Palestiniens appellent cet épisode la « Nakba », la « catastrophe » en arabe).

La guerre de 1967 ou la « guerre des six jours »

Guerre éclair remportée par Israël qui défait les armées égyptienne, jordanienne et syrienne.

Israël triple son emprise territoriale en s’emparant :

• Du Sinaï égyptien

• Du plateau syrien du Golan au nord-est

• De Gaza

• De la Cisjordanie annexée par la Jordanie en 1949

• De Jérusalem-Est

Jérusalem devient la capitale israélienne (et non plus Tel-Aviv). Mais la plupart des États refusent d’accepter ce déplacement : les ambassades sont toujours à Tel-Aviv.

Dès septembre 1967, Israël implante dans ces nouveaux territoires des colonies juives ce qui rend très difficile, à terme, le retrait d’Israël.

L’ONU réagit à ce qui est considéré comme une agression et vote la résolution 242 qui exige le retrait par Israël des « territoires occupés ». Autrement dit, l’ONU demande à Israël de revenir aux frontières de 1949. L’État hébreu, en position de force après sa victoire, refuse de s’y soumettre.

La guerre du Kippour de 1973

Conflit entre l’Égypte et Israël.

C’est la première fois qu’une nation arabe fait jeu égal avec Israël.

Israël gagne en sécurité et l’Égypte récupère le Sinaï (les dernières colonies juives quittent le Sinaï en 1982).

Intervention américaine pour une normalisation des relations entre Israël et l’Égypte (1978).

Exclusion temporairement de l’Égypte de la Ligue arabe.

À l’échelle régionale, les conflits israélo-arabes ont des conséquences durables. L’armistice de 1949 ne met pas fin à l’état de guerre et aucun pays arabe ne reconnaît l’existence de l’État d’Israël. La lutte contre Israël sert même de vecteur du panarabisme dans les années 1950, mouvement visant à l’unification politique du monde arabe. Dans les années 1950 et 1960, Nasser, victorieux dans la crise de Suez, incarne ce mouvement panarabe. Beaucoup de questions qui gênent aujourd’hui le processus de paix sont nées des suites du conflit de 1948-1949. Aujourd’hui, on compte près de 5 millions de descendants de la « Nakba », ce qui reste un point d’achoppement des négociations : ces réfugiés qui ont grandi dans des camps au Liban ou en Jordanie ou qui ont grandi à Gaza (l’une des zones les plus peuplées et les plus pauvres du monde), militent pour le droit de retourner dans des zones occupées des Israéliens.

Israël a montré sa force dans la « guerre des Six-Jours » de 1967, mais refuse de se conformer à la demande de l’ONU, la résolution 242. Les États arabes, quant à eux, sont défaits et l’idée d’union arabe s’effondre à la suite de cet échec.

L’accord de 1973 est décisif pour les équilibres de la région car l’Égypte fait la paix avec Israël, mais une paix séparée. Surtout, l’Égypte bascule alors dans le camp occidental. Les chefs d’États égyptien et israélien obtiennent le prix Nobel de la Paix pour cette action. Mais c’est aussi notamment en raison de ses négociations avec Israël que le président égyptien Sadaate est assassiné par des extrémistes religieux en 1981.

L’affirmation militaire et politique d’Israël et la question palestinienne ont donc suscité dès 1948 des conflits entre Israël et ses voisins. Mais les Palestiniens s’estiment mal défendus par les puissances arabes et vont, au fil des décennies, s’organiser pour porter leurs revendications. Elles portent en particulier sur la création d’un État palestinien, le droit au retour des réfugiés de la Nakba et le statut de Jérusalem.

Le conflit israélo-arabe puis israélo-palestinien incarne la complexité des situations conflictuelles, il est à la fois question :

► des litiges territoriaux (délimitation des États palestinien et israélien, statut de Jérusalem…)

► des divisions religieuses (le partage de Jérusalem, ville trois fois sainte).

► de la concurrence pour l’hégémonie régionale (les tensions entre Israël et les états arabes, soutiens américains à Israël… ).

Des États fragiles où le pouvoir est confisqué

Récents, délimités par des frontières artificielles, sans tradition démocratique, les États de la région sont parfois dirigés par des régimes autoritaires, souvent soutenus par les grandes puissances. Dans ce cas, le pouvoir est confisqué par une communauté religieuse, ethnique ou tribale. Les dictatures se confortent :

► Les régimes autoritaires sont nombreux dans la région : Koweït, Jordanie, Qatar, Oman, Bahreïn… L’Arabie Saoudite est souvent citée comme l’exemple de ces monarchies autoritaires. Elle applique la charia (le droit islamique), limite les droits des femmes (interdites de conduire, de se déplacer sans tuteur ou de retirer leur voile en public) ou des homosexuels, et pratique la peine de mort (plus de 150 mises à mort en 2015 et autant en 2016).

► L’Iran est également un régime autoritaire où les libertés publiques et individuelles sont réduites depuis la révolution islamique de 1979. Pour ne donner qu’un exemple, l’Iran détient le record du nombre d’exécutions capitales rapportées à la population totale.

Dans ce contexte de tensions, les démocraties se raidissent :

► Israël, démocratie moderne, fait figure de quasi exception dans la région. Mais elle est tiraillée par des débats internes.

► La Turquie de tradition laïque devient, sous l’impulsion du président Erdogan, de plus en plus autoritaire.

► Les nouvelles démocraties peinent à s’imposer. Apparue après le renversement de Saddam Hussein par les États-Unis en 2003, la démocratie irakienne est très fragile. De même, l’Égypte qui a renversé, Hosni Moubarak en 2011, peine à installer durablement une démocratie moderne.

Au Moyen-Orient, les conflits sont nombreux et s’emboitent. Cela s’explique par des facteurs multiples qui sont liés à la géographie et à l’histoire de la région. A l’échelle locale, les conflits sont liés à la pluralité religieuse et culturelle de la région. À l’échelle nationale et régionale, ce sont des conflits plus classiques entre États pour les territoires ou les ressources. Enfin, ces conflits ont des répercussions à l’échelle mondiale en raison des rivalités de puissance : guerre froide à une époque, États-Unis face à la Chine, la Russie ou l’Iran ensuite. Les événements actuels en Syrie, en Irak ou à Gaza confirment une fois de plus la situation de la région comme « zone la plus belligène du monde » (G.Mutin).

3. La montée de l’islamisme et de l’instabilité politique dans la région

Les questions religieuses ont une forte résonance politique dans la région durant toute la période, mais c’est seulement à la fin des années 1970 qu’elles se traduisent par l’affirmation de l’islamisme qui parvient au pouvoir, notamment en Iran.

Vocabulaire : qu’est-ce que l’islamisme ?

L’islamisme (ou les islamismes, tant cette mouvance contient de nuances) se distingue de l’islam par sa nature et par les objectifs de ses partisans comme le montre ce tableau de synthèse.

Islam

Islamisme

Nature

Religion

Idéologie politique

Objectif de ses partisans

Vivre sa foi

Appliquer les préceptes coraniques à la politique et à la société.

Si l’islam est une religion de loi (reposant sur des textes sacrés), l’islamisme cherche à développer un projet politique totalisant : l’État islamique doit envelopper toute la société, ses lois (juridiques, économiques) et les croyants.

Il existe trois formes de « l’islamisme politique ». Elles se différencient par leurs objectifs et les méthodes d’action pour les appliquer même si certains mouvements peuvent relever de ces trois islamismes.

Islamisme politique

Islamisme missionnaire

Islamisme radical (dit aussi djihadisme)

Objectif

Parvenir au pouvoir pour créer un Etat islamique régi par les religieux

Convaincre et renforcer l’ordre moral et religieux

Déclencher une guerre de religion avec ceux qui sont vus comme « infidèles » (les non-musulmans)

Méthodes d’action préconisées

Action politique

Prosélytisme (action de convaincre les gens) par la prédication (les prêches)

Violences et attentats

L’islamisme est donc la volonté d’imposer une idéologie issue de l’islam – ou du moins de l’interprétation des textes sacrés de l’islam. Cette mouvance est ancienne, mais elle s’est étoffée tout au long du XXème siècle et encore de nos jours. La question de l’interprétation des textes est un enjeu chez les sunnites. Certains sunnites sont favorables à une interprétation des textes ; d’autres au contraire sont favorables à une lecture littérale des textes sacrés et à un retour à l’islam des origines. On les appelle les « fondamentalistes » (ils veulent revenir aux fondements de l’islam). Quoique présentes très tôt dans l’histoire de l’islam, deux écoles fondamentalistes très importantes apparaissent au XVIIIème siècle : le wahhabisme et le salafisme.

Le wahhabisme est né au XVIIIème siècle en Arabie Saoudite. Son fondateur, Mohamed Ben Abd Al-Wahhab, prône le retour à un islam des origines n’ayant pas subi d’interprétation. Voulant diffuser son mouvement, il s’allie à une famille princière, les Saoud. En 1932, cette famille parvient à constituer un vaste territoire : le Royaume d’Arabie Saoudite. C’est pourquoi l’Arabie Saoudite et la famille royale à sa tête sont officiellement wahhabites. Or la manne pétrolière, à partir des années 1970, a permis à l’Arabie Saoudite d’internationaliser le mouvement en finançant la diffusion de cet islam rigoriste.

Le salafisme est très proche du wahhabisme dont il est une version encore plus conservatrice prônant encore plus un retour très strict à l’islam des origines, c’est-à-dire purgé de toute adaptation ou innovation. Les influences occidentales (démocratie, droits de l’homme, société de consommation) sont rejetées. A la différence du wahhabisme (qui se contente d’autorités locales appliquant la charia), le salafisme cherche à réunir tous les croyants dans un même état islamique.

Le chiisme est aussi marqué par l’islamisme politique. Comme nous l’avons vu, les chiites disposent d’un clergé dont le plus haut grade est celui d’ayatollah. Le rôle du clergé chiite est donc d’interpréter, c’est-à-dire d’adapter le sens des textes sacrés aux évolutions de la société. Ces innovations sont très importantes aux yeux des chiites. Si l’on peut poser la question du caractère islamiste du chiisme, c’est précisément parce que le clergé n’est pas seulement un guide religieux : en imposant son interprétation du Coran, le clergé édicte également des règles sociales et politiques. Ainsi, l’islamisme (projet politique basé sur l’islam) et le chiisme sont donc très proches.

L’émergence et la diffusion de l’islamisme au Moyen-Orient

À partir des années 1950, l’islamisme – pas seulement celui des Frères Musulmans qui en demeurent une figure importante – connaît un certain succès dans tout le Proche et Moyen-Orient. Deux raisons viennent expliquer ce dynamisme.

► L’islamisme apparaît d’abord comme une réponse à l’occidentalisation et au modernisme, qui déstabilisent les sociétés traditionnelles. Or l’islamisme rejette ces influences.

► L’islamisme semble également être une réponse à l’échec du rêve de l’unité arabe. Surtout après la déroute désastreuse des armées arabes en 1967 face à Israël, le vieux rêve du panarabisme (former une nation arabe) porté par Nasser qui se voulait le leader du monde arabe laisse la place à un nouvel espoir : le panislamisme (former une nation musulmane).

Les différents mouvements relevant de cette tendance sont perçus comme une menace par les régimes en place, notamment ceux qui sont proches des États-Unis (Égypte, Arabie Saoudite, etc.).

L’islamisme au pouvoir : la révolution iranienne de 1979

La révolution iranienne est un événement central dans l’histoire des islamismes et dans les équilibres de la région. En 1979, l’Iran est dirigé d’une main de fer par l’autoritaire Shah d’Iran de la dynastie Pahlavi au pouvoir depuis 1925. Le régime est soutenu par les États-Unis notamment du fait de ses réserves de pétrole et de sa proximité géographique avec l’URSS en pleine guerre froide. Deux groupes d’opposants se distinguent dans les années 1970 : les communistes et le clergé chiite. Ils sont réprimés avec une même brutalité par la police politique iranienne, la Savak, qui pratique la torture et les assassinats.

Deux groupes distincts portent donc les espoirs du peuple iranien. A partir de 1978, ils organisent de grandes manifestations et des grèves durant de long mois, malgré la répression du régime. Sous la pression de la rue, le Shah démissionne le 16 janvier 1979 et quitte le pays. L’ayatollah Khomeiny , le leader chiite, revient de son exil français le 1er février. Il est accueilli par une foule de partisans. Mais à ce moment, nul ne sait qui des communistes ou du clergé chiite va prendre la main sur le mouvement. La révolution est en marche mais, pour l’heure, on ignore quelle forme va prendre le futur État iranien.

Progressivement, les religieux prennent le dessus grâce aux nouveaux « gardiens de la Révolution », des milices islamistes très bien implantées localement. En décembre 1979, le peuple iranien adopte une nouvelle constitution qui abolit la monarchie et met en place une République islamique. Elle reconnaît l’origine divine du pouvoir et la soumission de peuple au Coran, à la tradition et aux docteurs de la loi. La charia est mise en place.

Cet événement a de profondes conséquences sur la société iranienne.

► Sur le plan politique, les libertés publiques sont réduites et l’exil est rendu difficile par des conditions de visa drastiques.

► Sur le plan social, l’Iran est bouleversé par la négation des libertés individuelles et la moralisation de la société (modification du statut de la femme jusqu’alors modernisé par le Shah) contrôle du vêtement, interdiction de la consommation d’alcool, surveillance des fêtes, restriction de la mixité…

► Enfin, l’économie aussi a souffert de la Révolution iranienne du fait de l’isolement diplomatique qui l’a suivie.

En effet, la Révolution islamique ouvre une nouvelle ère diplomatique en Iran. D’une part, la rupture avec les États-Unis est brutale. Dès novembre 1979, pour protester contre l’accueil fait au Shah aux États-Unis, des centaines d’étudiants s’attaquent à une ambassade américaine et retiennent une soixantaine d’otages (jusqu’en janvier 1981). Les États-Unis et l’Iran rompent leurs relations diplomatiques. L’Amérique devient « le grand Satan ». Cet antiaméricanisme est doublé d’un antisionisme très virulent. « Israël doit totalement brûler » déclare Khomeiny.

D’autre part, le succès de la révolution dans l’Iran chiite inquiète Saddam Hussein, dictateur irakien sunnite. Il craint que les chiites irakiens soient influencés. Fort de ses soutiens (URSS, Occident anti-Iran), il déclenche une guerre contre son voisin iranien qui lui oppose une grande résistance. De 1980 à 1988, un million de soldats périssent et la guerre se solde par un retour aux frontières d’origine.

Troisièmement, l’Iran cherche à exporter sa révolution – sans succès. Cependant, du Hezbollah libanais au Hamas gazaoui, le pays soutient constamment les mouvements islamistes de la région. Enfin, l’Iran ne cache pas sa volonté de se doter de l’arme nucléaire. Cependant, en 2013, le réformateur Hassan Rohani a été élu à la tête de l’Iran. Ce mouvement réformateur a été confirmé par les élections législatives de 2016. Même si la constitution de la République islamique d’Iran verrouille le régime, une timide ouverture est peut-être en cours. C’est en ce sens qu’il faut comprendre l’accord sur le nucléaire signé en juillet 2015 (mais dénoncé par le président américain Donald Trump).

Les années 2000-2010 et la complexification des confits

Les suites du 11 septembre ont redessiné – à nouveau – les équilibres de la région tout autant que les mouvements insurrectionnels (« les Printemps arabes ») qui ont touché une bonne partie des pays du Proche et Moyen-Orient à partir de 2011.

Les attentats du 11 Septembre, planifiés depuis l’Afghanistan par Al-Qaïda, organisation islamiste terroriste implantée dans la région, marquent l’entrée d’une nouvelle ère dans les relations internationales. Ces attentats ont eu dès leur organisation un caractère international : leurs préparations dans l’Afghanistan des talibans par Al Qaida, leurs déroulements (deux avions sur le World Trade Center et un sur le Pentagone) ainsi que leurs impacts sur le plan intérieur avec l’adoption du Patriot Act (une restriction des libertés individuelles pour mieux lutter contre le terrorisme). Ces attentats vont donner lieu à deux interventions militaires dirigées par les États-Unis, très différentes dans leur nature mais assez similaires dans leurs résultats à long terme

Si les attentats du 11 Septembre ont été préparés depuis l’Afghanistan, ils ont eu un impact dans toute la région, notamment avec la guerre en Irak et l’émergence du terrorisme islamiste.

espace

Expression écriteQuestion

À l’aide de vos connaissances ou de recherches internet, remplissez le tableau ci-dessous :

Afghanistan (date : . . . . . . . . . . . . . . . )

Avis de l’ONU

Cause de
l’intervention

Régime renversé

Situation actuelle

espace

Irak (date : . . . . . . . . . . . . . . . )

Avis de l’ONU

Cause de
l’intervention

Régime renversé

Situation actuelle

espace

SolutionRéponse

Afghanistan (2001-2011)

Avis de l’ONU

Cause de
l’intervention

Régime renversé

Situation actuelle

Favorable

Régime protégeant Ben Laden

Talibans

Guerre du gouvernement contre les talibans et l’état islamique

Irak (2003-2014)

Avis de l’ONU

Cause de
l’intervention

Régime renversé

Situation actuelle

Défavorable

Prétendues armes de destruction massive

Saddam Hussein

Implosion de la mosaïque culturelle et religieuse de l’Irak

Guerre du gouvernement chiite contre l’état islamique sunnite.

Les printemps arabes et leurs conséquences

À partir de 2011, la pression religieuse nourrit et se nourrit des mouvements populaires, très divers et regroupé sous l’appellation «printemps arabes» : des soulèvements contre les régimes autoritaires en place. Ces insurrections ont débuté hors du Proche et Moyen-Orient, en Tunisie. Mais elles ont enflammé une bonne partie de la région, la plongeant dans le chaos.

Document 18 Les printemps arabes

Le point de départ des révolutions arabes a été le mouvement populaire démocratique en Tunisie. Dans le Proche et Moyen-Orient, ces mouvements démocratiques ont pour certains finalement échoué. Prenons l’exemple de l’Égypte, de la Syrie et du Yémen, trois pays touchés par le printemps arabe et qui ont connu une trajectoire différente.

Activité Des trajectoires différentes suite aux printemps arabes

Expression écriteQuestion

À l’aide de votre cours et de recherches internet, complétez le tableau suivant :

Égypte

Syrie

Yémen

Régime en place avant 2011

Opposition au régime en place en 2011

Déroulement de la révolution

Sort du dictateur

Situation actuelle dans le pays

Répercussions dans la région et dans le monde

SolutionRéponse

Égypte

Syrie

Yémen

Régime en place avant 2011

Régime d’Hosni Moubarak au pouvoir depuis 1981

Régime tenu par la famille al-Assad depuis 1970.

Dictature du sunnite Ali Abdallah Saleh, au pouvoir depuis 1978.

Opposition au régime en place en 2011

Opposition des démocrates ou des islamistes (Frères musulmans)

Opposition des sunnites, démocrates ou islamistes.

Opposition des démocrates, des islamistes, des chiites

Déroulement de la révolution

Mobilisation massive mais répressions par le pouvoir (janvier 2011)

Mobilisation massive mais répressions par le pouvoir (mars 2011 – à nos jours) : centaines de milliers de morts.

Manifestations violemment réprimées

Sort du dictateur

Chute d’Hosni Moubarak (février 2011) et procès.

Bachar al-Assad toujours au pouvoir, soutenu par la Russie et l’Iran chiite

Départ négocié du dictateur (février 2012)

Situation actuelle dans le pays

Élections remportées par les Frères Musulmans, mais reprise en main autoritaire de l’armée du général al-Sissi et répression des islamistes.

Attentats terroristes commis par les islamistes.

Guerre civile qui oppose l’armée d’al-Assad à :

• l’opposition démocratique

• aux islamistes (Daesh notamment).

Guerre civile entre le pouvoir sunnite soutenu par l’Arabie Saoudite et les rebelles chiites soutenus par l’Iran

Présence d’Al-Qaida et de l’État islamique qui contribue à déstabiliser le pays.

Répercussions dans la région et dans le monde

Retour à la situation d’avant-Moubarak

Risque terroriste en Égypte

Flux de migrants fuyant la guerre dans le Moyen-Orient (Turquie, Liban, Jordanie) et en Europe

Développement de l’État islamique et des attentats au Moyen-Orient et en Occident

Tension entre l’Arabie Saoudite (sunnite) et l’Iran (chiite)

Terrorisme exporté (camps d’entraînement djihadistes)

Depuis 2014, un nouvel acteur de l’islamisme djihadiste est apparu : l’État islamique ou Daesh (acronyme de l’État islamique en arabe). Cette organisation militaire, politique et terroriste existait depuis 2006, mais en 2014, elle a proclamé un califat (c’est-à-dire qu’elle ambitionne d’être un État) et a pris le contrôle de territoires en Syrie et en Irak pour mettre en place une sorte d’État totalitaire.

Les rangs de l’État islamique sont nourris par certains sunnites de la région (anciens cadres de l’Irak de Saddam Hussein, opposants à l’alaouite Bachar al-Assad) et des recrutements internationaux, notamment européens.

Document 18 Les acteurs du conflit contre Daech (situation en 2017)

Kurdes

Cible de Daesh, les Kurdes luttent sur le terrain contre l’État islamique. Ils contrôlent une partie des territoires syriens et disposent d’une province autonome en Irak.

Armée de Bachar al-Assad

Le dictateur syrien est en proie à des nombreuses oppositions, dont Daesh contre lequel son armée lutte.

Coalition formée d’États occidentaux et arabes

Les États-Unis, la France et de nombreux pays arabes dont l’Arabie Saoudite luttent contre Daesh. Ces pays sont victimes d’attentats revendiqués par l’État islamique (janvier et novembre 2015 à Paris, juillet 2016 à Nice, décembre 2016 à Berlin, etc.).

Russie

La Russie de Poutine soutient Bachar al-Assad sur le plan militaire. Elle participe à la lutte contre Daesh.

Iran

L’Iran chiite soutient le régime de Bachar al-Assad. Il participe à la lutte contre Daesh.

Turquie

La Turquie a rejoint les rangs de la lutte contre l’État islamique. Elle redoute une extension du conflit dans son pays en proie à de nombreux attentats commis par les Kurdes et par l’État islamique.

Conclusion

Le Proche et le Moyen-Orient sont une région de conflits permanents depuis la fin de la Première guerre mondiale. Si ces conflits sont le fruit de plusieurs facteurs, on peut distinguer :

► les causes internationales : la région présente un enjeu particulier du fait de ses ressources majeures et de sa position géostratégique

► les causes régionales : la région est le lieu de clivages et de diversité de peuples, de langues, de cultures et de religions.

► les causes nationales : des États récents et fragiles et de sociétés transformées par la modernité

► les causes idéologiques avec la montée de courants de pensée spécifiques comme le nationalisme et/ou l’islamisme politique.

Partout au Proche et au Moyen-Orient les équilibres sont précaires. La région reste le point le plus sensible de la planète.

Chronologie

► 1869 : inauguration du Canal de Suez.

► 1908 : Découverte du premier gisement de pétrole en Perse (actuelle Iran).

► 1916 : Accords Sykes-Picot.

► 1917 : Déclaration Balfour.

► 1947 : Plan de partage de l’ONU pour la Palestine.

► 1948-49 : Proclamation de l’État d’Israël, première guerre israélo-arabe et « Nakba » (exil palestinien).

► 1956 : Crise de Suez.

► 1957 : Doctrine Eisenhower.

► 1967 : Guerre des Six-Jours gagnée par Israël ; résolution 242 de l’ONU ; la question palestinienne devient celle des territoires occupés.

► 1973 : Guerre du Kippour et premier choc pétrolier.

► 1978 : Accords de Camp David (paix entre l’Égypte et Israël).

► 1979 : Révolution iranienne ; deuxième choc pétrolier.

► 1980-1988 : Guerre Irak-Iran.

► 1987 : Première Intifada.

► 1988 : Arafat et l’OLP abandonnent le terrorisme et reconnaissent Israël.

► 1991 : Guerre du Golfe (réaction internationale à l’annexion du Koweït par l’Irak).

► 1993 : Accords d’Oslo.

► 2000 : Deuxième Intifada.

► 2001 : Attentats du 11 septembre.

► 2003 : Intervention anglo-américaine en Irak sans l’aval de l’ONU.

► 2005 : Retrait israélien de Gaza.

► 2011 : Printemps arabes. Début de la guerre civile en Syrie.

► 2014 : Proclamation de l’État islamique.

► 2015 : Attentats de janvier et de novembre en France revendiqués notamment par l’État. islamique/accords sur le nucléaire iranien.

espace

Note

Il est difficile pour l’historien d’établir une chronologie des évènements récents au Moyen-Orient. En effet, les questions d’actualité empêchent l’historien d’avoir le recul et les sources nécessaires pour analyser un événement. Il vous faudra donc vous tenir au courant de l’actualité afin de compléter vous-même cette chronologie.


1. Autre nom donné en français au prophète Mohammed.

2. Synonyme de religion musulmane.

3. Synonyme de religion juive.


Modifié le: Wednesday 18 March 2020, 16:03